20111228

Je Suis Snob

J'aime les belles choses. Les belles choses sont chères. J'aime ce qui est cher. Une tautologie qui ne déplairait pas à Kant. Oui, je suis un peu snob. J'aime ce qui brille. Mon amie Caroline dit que je suis "bling-bling". C'est un peu vrai. J'aime le chic, le strass, le velours...les matières nobles. Oui, c'est vrai, ma peau ne supporte pas les parfums. Enfin, pas n'importe quel parfum. Ceux que je portent coûtent chers et ceux-là je les supporte bien.

Donnez-moi à manger, mais, pas n'importe quoi. Je me délecte des meilleurs plats, bois les meilleurs vins....arrrgh. Je crois que je suis fait pour le luxe et les belles choses.

20111225

Le Havre

Je me souviens de ces jours anciens où nous allions au cinéma le jour de Noël. Un moment magique dans un moment magique. La double addition.


Plus tard, j'ai continué la tradition du film de Noël. Nous allions ensemble, mes amis et moi, voir des "classiques". To Be or Not to Be, The Shop Around The Corner et l'incontournable La Vie est Belle. Je crois que je l'ai vu au moins dix fois. Chaque fois, je me dis "non, tu ne vas pas pleurer"...et puis, voilà cette fameuse scène arrive, et je pleure. Cela fait partie de la magie du cinéma que la télévision—parent pauvre du 7ème art—n'arrive pas à restituer.

Godard disait "la TV tu la regardes comme ça et l'écran de cinéma tu le regardes comme ça! Question de point de vue". J'aime le cinéma. L'ambiance d'un cinéma. Le noir intégral et ce sentiment de solitude qu'il n'est pas possible de restituer devant son poste de TV.

Je ne vois jamais mes voisins au cinéma. Je suis comme happé par l'image. Voilà pourquoi, il faut aller seul au cinéma. Il n'y a rien à partager. En écrivant ces lignes, je réalise que le seul moment où je me laisse complètement aller c'est peut-être au cinéma: le lieu où toutes nos émotions remontent. Les miennes—en tout cas—refont surface au milieu des images projetées sur l'écran central.

La magie a encore fonctionné hier après-midi. Le dernier film de Kaurismaki est un petit bijoux qui sied bien à cette période. Un film comme je les aiment : une histoire, des acteurs et une très belle mise en scène. Aki travaille la lumière et les ambiances. Nous passons du rire aux larmes sans transition. Kaurismaki aime le cinéma et nous aimons Kaurismaki.



Pour fêter mon retour au cinéma, je crois que je vais faire un tiercé gagnant en allant voir ce soir le dernier Scorsese. Trois films en une semaine...je suis sur la bonne voie.




20111220

Il était une Fois au Cinéma

Un miracle est encore possible surtout au cinéma. Un peu désillusionné par la série de films que je voyais, en ce début d'année, j'ai peu à peu abandonné le cinéma. J'ai déserté les salles obscures et j'ai sombré...

Neuf mois ont passé. Ressaisis-toi mon vieux. Les spectres du passé ont disparu. Je suis (enfin) seul. Back to myself (mais me suis-je vraiment quitté ?)

Alors je suis retourné au cinéma. Il me fallait un retour grandiose, quelque chose de magistrale. Un chef d'oeuvre. 


C'est Antonia Arslan et son Il était une Fois en Anatolie qui me permet de renouer dignement avec le 7ème art. 2h30 qui passent comme passent "si de rien n'était". 

Me suis enfoncé dans mon siège assommé par une journée de travail. Dès le générique, j'ai su que ce film serait en dehors de la norme. 

2h30 de délices cinématographiques.

Simple finalement. Maintenant je peux me ruer sur le cheval de Turin, sur le Havre...Cinéma chéri, votre amant est de retour.

Muse pour muse, je choisis encore la plus foncée des deux. Tout ce cinéma me perdra...



20111205

Email to Nowhere

Je me souviens de cette scène comme si c'était hier. Sa devait être quelques jours après que mon mon père décède en 2009. J'appelais ma mère pour lui demander je ne sais quoi et je suis tombé sur son répondeur. 


C'est la voix de mon père que j'entendis. Ce fut un moment troublant. Mon père mort—depuis quelques jours—me parlait. Il me demandait de laisser un message après le "bip" sonore. Cette voix que je n'entendrai plus jamais m'enjoignais de lui parler après la tonalité.


La voix des morts ...






Et les mots des morts ? Tous ces amis morts et qui continuent de m'écrire. J'ai reçu des mails, en retour, de personnes qui n'étaient plus...


Des messages d'outre-tombes ! 







20111123

Stanislas Lem et JLG même Combat

Je pianote sur mon ordinateur. Sur l'écran, la home page de Google s'affiche avec une petite animation. 

Une voix douce voit que je m'amuse à chercher sur Google qui célèbre son anniversaire aujourd'hui. Ma jeune et tendre me dit qu'elle s'est amusée avec l'animation de Google, et qu'il faut que j'essaye à mon tour. 

Pas franchement emballé par l'idée, j'essaye à mon tour. 





Bof-bof, une animation assez banale. Moi, tout ce que je voulais, c'était savoir qui était mort ou né en ce 22 novembre 2011.

Ah, enfin je vois un nom: Stanislas Lem. Deux pages HTML. Plus loin, je sais enfin qui est Stanislas Lem : c'est l'auteur de Solaris. Je n'ai malheureusement pas lu son livre mais j'ai vu le film de Tarkovsky et la pâle copie de Soderbergh...de la SF comme j'aime. Stanislas a pourfendu la littérature SF Américaine. L'a jugeant médiocre et kitch..sauf Philip K. Dick qu'il encensait. Nous voilà d'accord.

J'ai demandé à mon amie si elle connaissait Stanislas ou si elle avait vu "Solaris". Elle m'a dit : "non". Néanmoins, elle avait vu son animation sur Google.

JLG disait. "Tout le monde connaît mon nom, mais personne n'a vu mes films. Dans cinquante ans, tout le monde se souviendra des films de Spielberg (E.T. , Jaw, Jurassic Park,etc.), mais personne ne se souviendra de mon nom".

JLG et Stanislas: même combat. La culture est morte. Vive la néo-culture.


20111110

Le Contemplateur


Finalement, je n'aurais fait qu'une seule chose : contempler. J'aime regarder. Pas voir mais regarder. Voir, ça va de soit. Le regard, c'est autre chose. J'aime suivre des lignes, des courbes car on ne sait jamais ou elles vous mènent.


J'observe. Je ne me lasse pas d'observer ce que l'on met sous mon nez. J'aime l'idée plus que la chose.


Ces moments perdus à contempler la chose. Convoitise, désir...repousser le moment, prier pour qu'il n'arrive jamais ou le plus tard possible.


C'est une forme de voyeurisme. Et que dire quand un voyeur rencontre un exhibitionniste ? J'ai toujours pensé que les femmes aimaient s'exhiber. Il y a quelque chose d'extérieur chez la femme qui n'existe pas chez l'homme. Ce sens aigu du laisser voir sans en montrer trop est féminin. Les hommes c'est toujours trop : trop lourd, trop grand, trop visible surtout. 



 Laisser voir sans trop montrer, tout un art....


Une chaussure "rouge" , des bas noires...des yeux ...le maquillage qui souligne le regard.


Je me souviens de cette scène à Paris.


 I. La femme du réalisateur Olivier A.


Nous devions sortir manger à Pigalle, je crois. Elle m'avait donné rendez-vous chez elle. J'étais arrivé à l'heure comme d'habitude. 


Elle n'était pas prête. Elle a ouvert la porte et m'a laissé m'installer dans le salon. L'appartement était magnifique—je m'en souviens. Elle finissait de se préparer. Plus tard, elle m'a appelé dans sa chambre. Elle m'a demandé de m'asseoir sur le bord de son lit—pour lui faire la conversation. 


Une robe noire, l'odeur de son parfum qui flottait dans l'air. Elle était en train de se maquiller tout en bavardant. 


Elle me donnait à voir ce que peu d'hommes voient en fin de compte : une femme qui se prépare au jeu de la séduction. 


I. était une femme séduisante, intelligente qui usait de la séduction comme un instrument, un outil de précision destiné à obtenir ce qu'elle désirait. 


Elle n'avait jamais caché son intérêt pour le jeune homme que j'étais ni auprès de mon amie ni de son mari—ce qui me mettais encore plus mal à l'aise. 


Il ne s'est jamais rien passé entre elle et moi, et pourtant, cette scène restera gravée à jamais dans ma mémoire. 


La vision de sa robe noire légérement remontée qui laissait dévoiler ses bas noirs, et se parfum qui flottait dans l'air. J'étais décontenancé. Elle le savait. Elle aurait pu en tirer avantage, mais n'en a rien fait.


Rester au bord sans franchir le pas... tendre supplice, mais je préfère me damner plutôt que de renoncer à cela.


"J'ai longtemps contemplé tibia , péroné" chante Bashung...C'est un peu mon cas.



20111108

S'il ne Devait en Rester qu'Une


Avoir le choix. Se demander laquelle. Faire de la photo, c'est faire des choix. Cette photo plutôt qu'une autre. Moi qui ne décide de rien, j'aime ce(s) moment(s): trouble et indécision. 

Je n'ai jamais su ce que je voulais, et pourtant, il est des sujets sur lesquelse je ne me trompe pas : les livres, les films. Mes jugements sont tranchés, nets et précis. Parlez-moi d'amour et j'hésite. 

Montrez-moi des photos, et je sais exactement ce qu'il faut dire/faire. 

S'il fallait sauver une photo se serait celle-ci: Yoanna dans la mosquée bleue. 

Tout d'abord, parce qu'il m'a fallu la persuader d'y rentrer. Avec elle, rien n'est gagné d'avance. 

J'aime cette photo. Yoanna en icône. Sainte-Yoyo dans une mosquée...j'adore l'idée.

Yoanna me parle de Dieu, me dit qu'il existe. Elle me demande si leur Dieu est le même que le sien. Of course my dear, c'est le même.



20111023

Voyager

Je ne sais plus qui m'avait offert ce livre: Le Voyager Autour de ma Chambre ou de mon Lit. Je ne sais plus. L'idée que l'on puisse voyager sans quitter son lit, me plaît. J'aime les voyages mais pas voyager. Je veux dire: j'aime être ailleurs mais pas partir. C'est ce sentiment d'arrachement qui devient à chaque fois plus douloureux. La peur du ratage aussi. C'est pour ça que j'improvise.


Mais, comme chaque fois, la magie opère...


...et mieux qu'au Maroc. Les gens sont moins affables qu'au Maroc, moins insistants aussi. Je n'aime pas qu'on me colle aux basques. Le Turc est poli et distant, sympa avec les enfants sans être trop lourd non plus.

Je n'avais jamais remarqué les similitudes avec notre drapeau. Une croix vaut bien un croissant me direz-vous mais de là à tomber sur une Migros....



Bon, première journée RAS: Je mange bien, Yoanna s'ennuie un peu mais c'est tant mieux. Je crois qu'elle est moins curieuse que son frère: caractère différent.


Aujourd'hui, c'était un tour de chauffe. Demain, la grande série de visite commence.



20111012

Theodora

Je suis rentré dans cette parfumerie comme dans une église: à génuflexion.


Quelques fidèles qui assistent à la messe: un prêtre - une prêtresse devrais-je dire - , le décorum et les odeurs. Mes souvenirs d'église, qui datent de ma plus tendre enfance, sont des souvenirs olfactifs : l'encens , les bougies, le bois.  Des sensations très nettes. L'eau froide du bénitier, la lumière qui perce au travers des vitraux, et puis, la sensation du temps qui passe lentement.


La vendeuse à l'air d'une sainte. Elle évangélise à tout va, et moi, je suis prêt à confesser mes crimes. Tous mes crimes—même ceux que je n'ai pas commis. Je lui avoue ma passion pour la vanille et les parfums capiteux. Elle ouvre flacon après flacon, et ma tête tourne déjà. Je sais que je repartirai d'içi infidèle car, c'est bien de trahison qu'il s'agit. J'ai confié dix-huit ans de ma vie aux Artisans Parfumeurs, et là, je suis prêt à changer de religion. Découvert en 1994, je les ai adopté dès la première goutte posée sur ma peau : l'eau du navigateur, fou d'absinthe, vanille, etc. 


Un changement s'opère: je troque le vieux pour du neuf. 


Ma nouvelle idole s'appelle Kilian: un parfum corsé, ample et généreux. Un arôme qui vient de l'orient.


La messe est dite. J'ai jeté mon dévolu sur un flacon de 30ml. Nouvelle religion, nouveaux symboles, nouvelle prière. Celles que j'ai envoyé au ciel, en 1994, sont parvenues jusqu'à LUI. Celles-ci en feront-elles autant ?


In Kilian, I trust.


JMF

20111009

Je Sais que Dieu Existe

C'est ce qu'a dit ma fille Yoanna (7 ans) aujourd'hui. Alors que nous remontions du parc des Bastions pour aller voir le plus long banc du monde, ma fille me dit que Dieu existe. Je lui demande comment elle peut en être sûre. Elle me demande si j'y crois moi. Je lui dit que non, et elle me demande d'où venons-nous, et moi je brode sur les théories du "Big Bang". Elle n'en démord pas. 


Dieu à créé le 1er hommme et la 1ère femme, me dit-elle, et ensuite, ils ont eu des bébés. 


Je lui demande des preuves. Elle me répond que mon père sait! Je lui répond que si mon père le sait, il ne peut pas me le dire puisqu'il est mort. Elle rétorque que si elle était au ciel, il le lui dirait et me dit tout à coup: "je n'ai qu'à me tuer pour aller au ciel voir grand-papa et lui demander". Son frère qui était resté discret, jusque là, lui dit que cela ne servirait à rien car une fois au ciel, elle ne pourrait pas communiquer avec moi. Sur ce, ma fille dit qu'elle enverra une âme pour me donner la réponse....



20111008

Un Etre qui s'habitue à Tout

Je l'ai reconnu au premier coup d'oeil. Elle avait déboulé sur le boulevard passant à ma hauteur sans même m'apercevoir. Chevelure courte, lunette de soleil et chemise blanche c'est tout ce qu'il m'a été permis de voir à travers la vitre. Je savais qu'elle était revenue dans ma ville. Des amis m'avaient prévenu. Je n'avais aucune envie de la revoir. Le souvenir de notre rupture était encore trop vif: cinq ans déjà.

De loin, que je m'en souvienne, cette fille m'avais toujours semblé pressée. Toujours en mouvement: allant du point A au point B. Chez elle: point de repos. Je l'avais rencontré chez une amie commune. Une soirée où l'on s'ennuie ferme et d'où l'on se promet de partir tôt. J'avais plus ou moins préparé les excuses que j'allais formuler pour partir discrètement sur le coup des 21h. Mais elle est arrivée. Elle s'était engouffrée dans l'appartement comme d'autres se ruent sur les étales pendant les soldes. Elle a expédié les formules de politesse et a passé l'assistance en revue. Ses yeux sont tombés sur moi. Elle s'est avancée. J'aurais voulu m'écarter, reculer faire au moins un geste de défense, mais rien ne s'est produit. J'étais subjugué par cette femme qui savait déjà que je lui appartenais et qui semblait s'amuser de me voir pétrifié, vissé sur place. "Qu'est-ce que vous m'offrez ?", lâcha-t-elle. J'ai marmonné quelque chose. Je suis allé au bar et j'ai senti la brûlure de son regard dans mon dos. Je suis revenu avec deux verres de vin. Elle a bu son verre d'un trait, puis, elle a pris le verre de mes mains et y a trempé ses lèvres. Elle m'a dit: "maintenant je sais à quoi vous pensez, allons nous-en". Nous sommes sortis de l'appartement et avons grimpé dans sa voiture qui était garée juste en face. En chemin, elle n'a pas murmuré une seule parole.

Nous sommes allés chez elle. Elle s'est déshabillée. Je n'en revenais pas que cette beauté entre aperçue, moins d'une heure avant dans une soirée qui battait de l'aile, se déshabillait devant moi et m'invitait d'une manière directe et brutale à la rejoindre dans son lit.

De cette nuit, je ne garde aucun souvenir. Ni de celle-ci ni des autres. Nous avons passé quelques mois ensemble. —Dix mois tout au plus.

Je passais la nuit chez elle, mais elle ne voulait pas que je reste dormir "la nuit m'appartient", me disait-elle". Chaque nuit m'ôtait le peu de repos dont j'aurais eu tant besoin à l'époque. Cette femme se donnait complètement et ne laissait rien d'entier sur son passage.

Elle me dévorait à petit feu. Elle m'a sucé jusqu'au sang puis m'a recraché comme un vulgaire bonbon qu'on ne veut plus parce que son goût a passé.

Notre relation s'arrêta comme elle avait commencé : sans explication.

Elle m'a simplement dit qu'elle n'avait plus envie de me revoir. Restons-en là.

J'en fis une dépression. N'importe qu'elle autre que moi se serait flingué—Moi pas. Je sors sans elle, mais le coeur n'y est pas. Je fais semblant.

Je suis arrivé au feu rouge et me suis arrêté à sa hauteur. Elle a légèrement tourné la tête.
Je crois qu'elle a souri, du moins, c'est ce que j'aimerais croire. Puis, elle a démarré en trombe. J'ai regardé longtemps les feux de la voiture s'évanouir dans la nuit rêvant même, un instant, qu'elle fasse demi-tour.

JMF


Un être qui s'habitue à tout, voilà, la meilleure définition qu'on puisse donner de l'homme.
  [Fiodor Dostoïevski]

20110925

R.I.P

Elle m'en aura fait voir de toute les couleurs, mais je l'aimais bien. C'est elle qui m'a rapproché de ma mère. Sans elle, je n'aurais jamais raccroché tous ces wagons. Elle me disait de ne pas m'en faire et de garder une place pour le pardon. Elle avait des mots doux et savait distiller des gestes tendres.

Elle savait mes peines et pouvait comprendre. Dans mes rêves les plus fous, j'imaginais que c'était elle ma mère.

Elle avait le rire facile et communicatif. De ma famille, c'est elle que j'aurais finalement le plus vu. Je me souviens de ces samedis dans la banlieue. —Ces soirées passé à rire et manger des bons plats.

Ma tante en faisait des tonnes, mais nous l'aimions pour ça aussi.

Elle laissera un vide autour d'elle. J'espère la retrouver un jour, et nous rirons un bon coup en reparlant du bon vieux temps.

R.I.P 

20110904

La Possibilité d'une Ile

J'aurais aimé trouver ce titre et écrire le livre qui va avec : La Possibilité d'une Ile. C'est le livre que j'aurais voulu écrire, mais voilà, quelqu'un l'a écrit avant moi. C'est un beau titre. C'est un bon titre. Bien évidemment, je n'aurais pas parlé de clone et des vies multiples mais plutôt du déracinement, de l'oubli et des possibilités...d'une île. 


Je viens d'une île justement. Je l'oublie souvent. 
Ce week-end fut épuisant mais les précédents, aussi, étaient des week-ends lourds—en terme de souvenirs. Revenir ici. Versoix. —Vers soi (je n'y avais pas pensé). Je commence à y voir plus clair dans tout cet imbroglio de vie et de sens—je vois qui est qui: 


Mon île natale (mais je n'y suis pas né). Mon pays d'adoption. Je comprends tout. Je comprends Cioran (la vie ne s'écrit pas à coups de génie mais dans la souffrance), Agota Kristof (une vie qui n'aurait pas servi à écrire un roman n'aurait servi à rien, elle n'aurait laissé aucune trace) Mais aussi, Borges (la vie est comme une fleuve qui coulerait du présent vers le passé), Duras (sur l'écriture), Kafka (sur la vérité et les mensonges), Konrad (sur la folie et la solitude)...


Nous touchons bientôt au but. Patience.









20110902

Reviens va-t'en

Grrrrrrr, et voilà que ça va encore gâcher ma journée. Je consulte mon email, ce matin, et que ne vois-je pas ? La prochaine expo de Jean-Paul (ref http://masterspelavin.com/current/). Et sur quel thème? Je vous le donne en mille Emile ? Le motel de Founex (une vieille suggestion de Joëlle par ailleurs) photographié au détail, genre exploration des décombres. Ce qui me gêne, ce n'est pas tant le sujet traité. Se serait plutôt la similitude au sujet que je traite en ce moment (maison abandonnée). La proximité avec le photographe en question (je connais bien Jean-Paul) va rendre difficile la sortie de ma série après ça...

Bon, je me console en me disant que le plagiat en photo, comme en musique ou en littérature, c'est courant, et puis, j'ai des preuves que le sujet me fascine depuis longtemps.

Sinon rien. Après la tempête, la tempête. La lecture apaise l'âme. S'évader à peu de frais (Frs 9.50), c'est pas si mal.

Tiens, je suis retombé sur un vieux Eric Holder. A qui le dois-je celui-là ? Chabran s'en doute. Nathalie peut-être.

En quatrième ou cinquième lecture sa passe encore tout juste. Il y a des bons passages. Je préfère presque Echenoz. Ah, les grosses blondes. Quel roman, quelle découverte. Je m'en souviens comme si c'était hier. L'étonnement d'abord, le rire ensuite. La difficulté d'apprendre un nouveau genre de lecture. D'abord Echenoz ensuite Duras et Sarault. Tout doit aller dans l'ordre. Un pas après l'autre.

Me voilà libre de choisir mes lectures. Je marche seul....




20110828

Le Grand Cahier

"Chère tante Agota,

Je viens de terminer votre dernier roman le Grand Cahier, et les dernières phrases résonnent encore à mes oreilles "Oui, le moyen de traverser la frontière, c'est de faire passer quelqu'un devant soi". J'en suis encore tout remué.

Ma bien chère tante; quel grand roman nous livrez-vous là. Tant de souffrances, d'horreurs et de belles choses en si peu de mots. Econome vous êtes mais jamais avare. Quand j'entends le babillage des poseurs de proses de notre époque,  je ne peux que louer votre talent et votre génie. Oui, tante Agota du génie. Je pèse mes mots car j'en ai lu des livres, mais aucun ne m'aura procuré autant de plaisir en aussi peu de temps.



Pas une overdose mais une immense vague qui vous submerge, car voyez vous chez tante, j'ai commencé votre roman hier soir. Dès le premier paragraphe, je savais que je ne pourrais pas m'arrêter de vous lire, alors, j'ai posé le roman à côté de mon lit.

Je l'ai repris ce matin et l'ai lu d'une seule traite. Je n'ai plus fait cela depuis longtemps. —Depuis Michel H. je crois. Enfin, depuis longtemps.

Chère Agota, le temps passe vite, mais promettez-moi de revenir nous voir bien vite. Vous nous manquez déjà.

Votre bien aimé neveu et plus fidèle lecteur.

J."

Voilà la lettre que j'aurai pu écrire, si Agota Kristof avait été ma tante, si j'avais été son neveu , si j'avais été moins sot ou mieux informé sur qui était Agota Kristof.

Dans ma bêtise, car je peux ici parler de bêtise, j'ai toujours pensé que derrière ces sept syllabes se cachait un pasticheur, un écrivaillon qui avait pri un pseudonyme qui sonnait (trop) comme Agatha Christie, et cette tante là, je n'en voulais pas. J'ai refusé Agota à cause d'Agata.

L'erreur est réparée 20 ans plus tard mais, entre temps, Agota à rejoint Agatha.

Roman coup-de-poing: il balaye tout sur son passage. Difficile de reprendre autre chose après ça. Je vais attendre quelques jours, laisser reposer un peu et reprendre plus tard.




20110819

Stupeur et Tremblements

Même si cette petite escapade m'a arraché des cris de douleurs, je suis bien content de l'avoir faite. Quand j'y repense, cela aurait très bien pu se terminer en petit drame...




J'ai passé l'après-midi à farfouiller dans la région de Gex pour retrouver les traces, dans l'ancienne ligne de chemin de fer, qui devaient faire la liaison avec Bellegarde. 


C'est une vision de mon enfance : La Micheline ou Flèche Rouge que je voyais passer au loin, dans la plaine, lorsque je passais ses longs après-midis dans le Jura chez mon parrain.


Cette ligne existe toujours mais elle est plus ou moins abandonnée. Disons plus que moins, et j'ai failli en faire l'expérience aujourd'hui. 


Du côté de Gex, la ligne est complètement désaffectée. Elle se perd dans la forêt, et les photos que j'ai prisent donnent exactement l'ambiance décadente que je recherche. 


J'ai longé les rails sur plusieurs kilomètres et toujours ce mélange métal/végétation qui me fascine. J'y vois la lutte pour la survie, les traces de l'homme recouvert par la végétation qui prend—inexorablement—le dessus.


En me rapprochant du CERN, j'ai constaté que l'état de la ligne s'améliorait. J'ai garé la voiture et j'ai longé la voie. J'ai pris de belles photos des ballastes et des barrières qui bordent la voie. J'étais un peu angoissé à l'idée que parmi ces pierres se cachaient—peut-être—des hôtes inamicaux.


J'ai entendu, au loin, le sifflet d'un train. Je me suis dit qu'il devait y avoir une ligne de RER pas loin. Perdu dans mes contemplations et mes prises de vues, je n'y ai plus prêté attention. Puis, j'ai entendu un bruit sourd et continue: comme un roulement. Un son plus fort cette fois et qui semblait se rapprocher. 


Je me suis demandé si des trains circulaient sur cette voie. Réflexion faite, le segment de cette voie me paraissait moins endommagée que le tronçon précédent quand bien même une ballaste sur deux était pourrie. 


J'en étais là, dans mes réflexions, lorsque j'ai vu à 50m de moi...un train. Oh, il ne circulait pas bien vite, 20km toute au plus, mais quelle vision d'horreur pour moi qui me croyait seul au monde, dans un imaginaire bien Tarkovskien, perdu au fin fond de la Sibérie longeant les rails qui mènent à la zone interdite. 


Et voilà que cette locomotive me ramène à la réalité: le conducteur à actionné, une nouvelle fois, le sifflet ce qui a fini de me tirer de ma rêverie. J'en étais quitte pour ma peur. 


J'ai fait un signe au conducteur. Il m'a répondu. Un bon vieux train de marchandise qui se dirige probablement dans l'usine que j'ai vu avant.


Cette petite frayeur m'a fait du bien, m'a fouetté le sang.

La Honte

Mon père disait souvent: “un moment de honte est vite passé”. La honte est un sentiment bizarre. On dit souvent: "j'ai honte" ou: "tu nous fais honte", mais aussi: "ça fait honte à voir" et plus récemment dans la bouche des jeunes: "c'est la honte".

La honte, c'est aussi ce que les titres des journaux montrent dans des images "chocs" de bidonvilles, de décharges publiques ou de clochards—mais, uniquement lorsqu'elles sont prisent dans nos régions. Ailleurs, sa passe mais à Genève, c'est la honte.

La honte, pour qui d'ailleurs ? Pourquoi, on s'imagine les pauvres, les ordures,etc? Mais, qui a honte au juste? Le journaliste qui écrit l'article ? Sûrement pas. L'éditorialiste ou l'actionnaire du magazine? Evidemment, non. Mais, qui alors ? Nous autres lecteurs ?

La honte est en sentiment qu'on éprouve par apport aux autres. Pas de témoin, pas de honte. Un jour, j'ai été malade. Une dysenterie carabinée. J'allais prendre mon métro aux halles lorsque j'ai senti un liquide chaud me couler entre les jambes. J'ai regagné mon appartement en rasant les murs. Mon honneur était sauf, car personne ne m'a vu. Mais la simple évocation de ce qui m'arriva, ce jour là, suffit encore à me faire trembler.

Et si quelqu'un m'avait vu ? Avait-il remarqué quelque chose?

Nous éprouvons de la honte dans différentes temporalités : passé, présent et futur.

Vous vous êtes oublié un jour à l'école. Vou suppliez la  maîtresse de vous laisser allez au WC, mais elle refuse: "les besoins c'est pendant les récréations, pas avant ni après". Votre voisin de table signale à la classe entière la présence d'une flaque sous votre chaise. C'est le rire général. Le sentiment qui vous gagne, à ce moment, est le même que celui que vous éprouvez quarante ans plus tard en y repensant. Le sentiment est intact: la honte se conserve longtemps et bien mieux que l'amour.

Vous êtes au restaurant et vous vous disputez avec votre fiancée: elle vous gifle et vous traite d'enflure en quittant la table. Vous restez immobile n'osant pas affronter les regards des gens. La honte vous submerge.

Vous voyagez en train et vous vous laissez aller à vos pensées. Vous répétez le discours que vous aller prononcer ce soir. A ce moment précis, vous revient en mémoire le dernier discours que vous avez prononcé pour le départ de votre ancien chef: le long silence qui avait ponctué la fin de votre discours, les regards attérés de l'assistance vous glace encore le sang et la perspective du discours à venir démultiplie votre angoisse à l'infini.

La honte est le seul sentiment qui s'exprime simultanément en trois dimensions: passé/présent/futur.

Un noment de honte est vite passé, certes, mais il ne s'oublie jamais.



20110818

Sur la Laideur

C'est certainement l'avenue la plus laide et la plus insignifiante au monde. Je m'imagine le voyageur qui—pour la première fois—foule le sol de notre pays et qui aurait eu la sotte idée d'arriver par là, par cette frontière au lieu d'une autre.

La première impression, comme dans beaucoup de domaines, est déterminante. Le premier rendez-vous fixe un certain nombre de paramètres qu'il sera plus ou moins difficile de modifier par la suite.

Tous le monde se souvient de la première rencontre avec l'être aimé: cette manière si particulière qu'on les personnes avec qui vous partagerez d'autres moments de se singularités, de se démarquer des autres. La première impression, bonne ou mauvaise, vous marque et détermine déjà les rapports que vous entretiendrez plus tard.

Un tel est bien mis  et charme son entourage. Un tel est négligé et titube. Une autre ne cesse de regarder son reflet dans les miroir. Une autre vous dévisage et se jette sur vous en vous couvrant de baisers.

Je me rappelle de mes arrivées à: Las Vegas, Paris, New York et, ceci,  comme si c'était hier. Une impression nette et précise : je vois des lueurs rouges et jaunes au loin dans la nuit. Au détour d'un virage, je découvre Las Vegas. La ville brûle de milles feux. La route qui serpente vous amène lentement au coeur du vice.

C'est ce que j'ai pensé en arrivant à Las Vegas: après le feu du désert celui du vice et de la nuit.

En arrivant à Genève par la douane de Prévessin-Moëns, on a l'impression d'arriver nulle part. Les douaniers français ne sont pas là; les suisses non plus.

Sur la gauche, on aperçoit le CERN au centre. En enchevêtrement: des câbles électriques et de lignes à haute-tension. Sur la droite: des bâtiments administratifs, des stations d'essences et des parkings pour voitures.

L'ensemble est d'une laideur affligeante, et ce n'est pas la vision d'un mont Môle aperçu fugitivement entre deux caténaires qui change grand chose au problème.

Le problème c'est l'ensemble. Toutes ces constructions sont laides. Le CERN est laid, et ce n'est pas le bâtiment futuriste fabriqué pour fêter l'an 2000 qui donne de la splendeur à ce lieu. Non, cette avenue est triste et laide.

Le tram 18: fleuron de la technologie Canadienne qui propulse les usagers en direction du centre-ville. Ah tenez-vous bien, plus de 20km !!! Ceci vient donner une note comique à ce paysage désolant. Comique et totalement anachronique. Au XXIème siècle— à l'heure où toutes les capitales s'équipent de métros, de trains sans pilotes, de véhicules électriques léger et rapides—nous, nous avons un tram modèle 1900.
—Même Lausanne à son métro...

Le voyageur qui aurait commis l'imprudence de venir en Suisse et de choisir cette douane, plutôt qu'une autre, aura une bien piètre image de notre pays. Il ne pourra guère se consoler en regardant le spectacle affligeant à travers les vitres du tram. Une longue suite d'immeubles, tous aussi laids les uns que les autres, construits par des architectes maternés au lait suisse. —Un lait de qualité mais qui ne donne aucune imagination, aucune créativité.

Je me console en me disant que celui qui arrivera depuis la douane de Versonnet ou de Monniaz, lui, sera sauvé...

20110813

Tel Attila


Tel Attila,
Tel Othello,
Tu te noircis.
Dans quoi te mires-tu?
Dans quel étang?


À l'avenir,
Laisse venir,
Laisse le vent du soir décider.


Qu'on m'accuse et qu'on me pendouille mais, ce soir, j'ai effacé Alain Bashung et Serge Gainsbourg de mon iphone. Je tire un trait sur cette période. Je n'ai gardé que l'album Mélodie de Serge et Bleu Pétrole d'Alain—en cas d'urgence, je pourrai toujours briser la glace.


Exit Serge, Alain, CocoRosie, Syd Matter (sauf l'originale) et puis deux ou trois autres trucs mineurs. 


50% d'espace libéré...ce n'est pas rien: un peu de honte qui monte, un sentiment d'abandon. Non, je n'abandonne pas mes idoles: je déplace mon champ d'investigation.



















Enfin du Neuf !

Mais où étais-je passé ces dix dernières années ? Sur mars ? Sur vénus, plus probablement, me connaissant. Déconnecté. Centré sur autre chose. Les merveilles que j'ai découvert m'ont privé de mes yeux (et de mes oreilles). Je vois à nouveau. Je vois du neuf. 


Dix ans de Bashung, de Gainsbourg, de JLG ça suffit. Je vais faire une parenthèse. 


C'est comme ça et pas autrement disais-je à je ne sais plus qui—à Arles.


Au grès du vent, me laisser aller. N'ayons pas peur du vide. Se lâcher, c'est sûrement mourir un peu. Rester, c'est mourir sûrement. 


Me voilà prêt. Au grès du Net j'ai trouvé :


://GhostPoet
://Squareusher
://Owniy Sigoma
://Obenawa
://Lefto (DJ)




Un label: Brownswood. Une plate-forme d'échange de musique: Soundcloud où j'ai retrouvé Goo d'ailleurs.


Des napes musicales, de la poésie, du groove, de la dance (quoi moi écouter de la dance? Oui, mais de la bonne dance).


J'ai senti les premiers signes du mal lorsque je suis sorti dansé un soir. Décalage complet. Attention, il ne faut pas se méprendre: je ne renie rien de ce que j'ai dit sur la musique actuelle. Je trouve quand même que 100% du top 50, c'est de la grosse m., que le Hip-Hop actuel, c'est naze, et que le R&B c'est de la soupe à deux balles. Je dis simplement qu'il y a du bon dans la nouveauté, mais que je ne la connaissait pas. 


Celui qui s'entête à forcément raison (à force de lire l'annuaire, on doit y trouver son compte), mais il y a d'autres moyens, d'autres voies.


Enfin, j'explore on verra ensuite. J'aime l'idée de sensations nouvelles. Sortir du cercle.


Bon, me voilà reconnecté avec l'oreille. Pour l'oeil, on verra plus tard.



20110731

Les Meilleures Ribs du Comté

"Tu fais les meilleures Ribs du comté", c'est ce que m'a dit ma femme avant de me quitter, que je faisais les meilleures ribs et que ma queue avant le goût de miel—mais—ça ne l'a pas empêché de se tirer avec cet enfoiré de Clive. Ca fait deux ans qu'elle s'est barrée cette connasse, et j'espère qu'elle bouffe les pissenlits par la racine. En ce qui me concerne, je fais toujours les meilleures SpareRibs du comté. Je le tiens de mon père qui était boucher a Rigsville dans l'Ohio. C'est grâce à sa recette que mon père à connu ma mère et c'est grâce à elle, aussi, que j'ai connu ma femme Gil. Gil était une fieffée salope qui avait la réputation de coucher avec toute la ville mais pas avec moi. Toute la classe était passée dessus, mais elle refusait obstinément de le faire avec moi. Même se grand naze de Dick se l'était tapée, alors mon égo en a prit en coup. C'est à ce moment que mon père m'a parlé de sa fameuse recette. Il m'a dit que si une fille y goûtait, elle était déjà à moitié dans mon pieu et que pour l'autre moitié, il fallait compter sur son baratin, son esprit ou sa belle gueule. 

Côté esprit, j'avais pas été gâté par la nature. De loin, je ressemblais à un taureau. De près à un vautour. Heureusement, il me restait mon baratin. Un cadeau de ma mère, me disait mon père. Je pouvais parler des heures sans répéter deux fois les mêmes choses.

Bref, quand cette salope de Gil s'est pointée chez moi pour réviser ses devoirs de math, j'étais en train de mariner des belles SpareRibs. Elle n'a pas eu l'air plus étonnée que ça que je cuisine des SpareRibs—à huit heure du mat'. On a commencé à réviser nos maths et quand elle m'a demandé si j'avais un truc à grignoter, elle n'a pas non plus eu l'air surprise quand je lui file une assiette avec deux SpareRibs. Elle se les ai enfilé comme ça: d'un coup. Puis, elle s'est léchée les doigts. La prochaine chose dont je me souviens, c'est qu'elle était dans ma chambre en train de me sucer. Putain, mon père avait raison: sa recette rendait les filles dingues.

J'en était là dans mes réflexions quand j'ai entendu quelqu'un gueuler dans l'allée. Je n'attendais personne. On était samedi, le jour des SpareRibs. Tout le monde savait dans le quartier que le samedi c'était MON jour. Celui, où, je cuisinais mes putains de SpareRibs qui font grimper les filles aux rideaux et bander les mecs comme des taureaux. 

J'en avais seize qui marinaient depuis la veille au soir: un beau lot que m'avait ramené Mick Renolds le commis qui travaille chez Holmes & Holmes, le traiteur du village. Je comptais bien m'envoyer les seize Ribs avec une bonne bouteille de Vat 69. Rien de tel pour commencer le week-end. 

Il faisait chaud, je somnolais pendant que mes bébés doraient sur le grill quand je l'ai entendu crier. Barbara Sommers était la femme d'Emmerson Sommers. Les Sommers tenaient la ville par les couilles depuis cinq générations. Emmerson était le PDG de la scierie qui m'employait depuis trente-trois ans. Sa femme Barbara était une fieffée salope qui baisait tout ce qui bouge à des miles à la ronde. C'est une nympho de première. Emmerson le savait, je le savais, tout le monde le savait. Il ne se passait pas une semaine sans—qu'à cause d'elle—un scandale n'éclate, qu'un gars de l'usine se fasse faire choper les pantalons en bas et la queue entre les cuisses de Mme Sommers. Sa finissait toujours mal pour le mec: il commençait par perdre son job puis quelques dents grâce aux bons soins de Bill et Frazier: les deux hommes de main de M. Sommers. 

Voir débouler Barbara dans sa vie, c'est voir débouler les emmerdes. Cette femme n'avait ni scrupule ni morale. Si elle voulait une queue, elle se l'appropriait comme d'autres un petit chien dans une vitrine ou un petit pain au chocolat dans une boulangerie. Elle changeait d'amant comme de chemise et à ce rythme là, elle aurait fini de se taper tout ce qui compte d'être masculin dans le comté avant la fin de l'année.

Je suis ce qu'on appelle un F6. Un employé à qui, il ne reste plus que six ans à tirer avant la quille. Quand il vous reste six ans à tirer, vous faites ce que vous devez pour rester en dehors des ennuis, et quand on travaille à la Brasserie Sommers, les ennuis s'appellent Barbara Sommers.

Barbara se tenait à l'entrée du jardin, ivre visiblement. Elle avait l'oeil mauvais, la démarche incertaine. On ne pouvait pas dire qu'elle était habillée. Je voyais ses seins, et ses grosses fesses faisaient comme un U dessous sa chemisette, mais l'ensemble n'était pas vilain à regarder. 

"Qu'est-ce que tu fou Bennett ? Qu'est-ce que c'est que se bordel qui cuit sur ton barbecue à 08h00 du mat?".

Je n'osais pas bouger. J'aurais voulu prendre mes jambes à mon cou, disparaître dans la nature—tout pour ne pas affronter Barbara Sommers. 

Elle s'avança en titubant, s'écroula presque sur le sofa et tandis la main sur le barbecue. Je fis un geste pour l'en empêcher, mais elle avait déjà saisi une côte et l'apportait à sa bouche. J'ai vu la côte disparaître entre ses lèvres et sa longue langue rose. Ses yeux se sont retournés dans ses orbites, et elle a poussé un long soupir de ravissement avant de s'écraser la tête la première sur ma terrasse.

A ce moment, j'ai ressenti une violente douleur sur le sommet du crâne et suis venu rejoindre Mme Sommers sur le carrelage de ma terrasse. Nous voilà Barbara et moi logés à la même enseigne : allongés sur le ventre contre terre, inconscients et passablement ivres mais à la différence de Barbara, moi, je suis encore vivant.

Tom, le shérif de comté, me dit que j'étais dans de sales draps. Sur ce point, je suis d'accord avec lui. Madame Sommers est décédée dans mon jardin ce matin-là à 08h00. Elle et moi à moitié nus sans personne qui puisse témoigner ou seulement me dire ce qui s'était passé.

D'après Tom, j'avais plutôt l'air d'un enfoiré qui s'était fait plaqué par sa régulière, qui avait voulu se taper la femme du patron et qui avait merdé et pété les plombs. 

Quelque chose me disait que je m'étais fait baiser et que j'allais porter le chapeau pour quelqu'un d'autre. 

Mais ça, c'était mal me connaître. Je n'était pas fils de boucher pour rien. Mon père avait un putain de sale caractère. Un jour, il a  accroché un client à un crochet de boucher par ce qu 'il avait prétendu qu'entre ma mère et une vache, il n'y avait que 20 kilos de différence. J'ai hérité de mon père son mauvais caractère et la bagarre facile.



"Essai de rédaction..." pas de suite à donner. C'est juste pour rire et faire travailler mes doigts et mon imagination. 

Citation à Comparaître

Ma vision se brouille: je ne vois que des formes. Je ne distingue plus vraiment les gens qui m'entourent.

Je vis au milieu des ombres. Je compte mes pas. Un de plus, c'est déjà un de gagné.

Je me persécute davantage. Je suis mon propre bourreau. Chaque jour, je comparais devant mon tribunal pour mes petits délits. J'annonce à la cour la liste des peines encourues.

Je prends ma défense: j'évoque mon passé, mon enfance, ma mère, la rupture, les débuts difficiles....je cherche des circonstances atténuantes, je veux attendrir les jurés. Les jurés s'étonnent, s'agitent sur leurs sièges...ne semblent pas touchés par la verve de l'avocat.

A la lecture des chefs d'accusations, l'assemblée réprime un mouvement d'horreur. Comment la société peut-elle cacher en son sein un tel individu?

Sur le banc, l'accusé reste de marbre. Il sent déjà la lame du couperet lui chatouiller le cou. Sous sa cagoule, le bourreau rit. Qu'on lui amène cette victime—pas si innocente que ça.

Le juge fait figure d'autorité: il a jugé des cas bien plus sérieux que celui-ci. Des broutilles, se dit-il.

Le verdict va être annoncé. Le juré à délibéré. L'accusé se lève. Il n'a pas un regard pour les parents de la victime.

Le juré annone : "je déclare le prévenu coupable de crime de lèse Majesté”. Il est condamné à  la peine capitale. “La sentence sera exécutée demain".

Bah qu'on se pende ici ou qu'on se pende ailleurs ...pourvu qu'on se pende.

J'en étais là de mes réflexions quand je me réveilla. Tout ceci n'était qu'un rêve. J'avais été, une fois de plus, le jouet de mon imagination. Pas de procès, pas de tribunal, pas de crime.

Je suis dans mon lit. Il est 8h.

20110727

Que n'ai-je....

Ca se précise. C'est pas la grande vague de fond mais s'a frémi doucement. De petites amplitudes, de légères variations—à peine perceptibles pour celui qui ne saurait voir l'infiniment petit.

Moi qui ai guetté l'infiniment grande, que n'ai-je pas fait pour m'éloigner, élargir le cercle? —Alors que la solution était là sous mon nez.

J'ai cherché jusqu'à me rompre, jusqu'à l'ennui—l'insolite dans mes voyages et mes aventures au bout du monde, sans savoir que je l'avais sous le nez.

J'ai longtemps contemplé. Je me suis arrimé à de fragiles esquifs. Accroché comme un naufragé à sa bouée, un artiste à ses chimères—je me suis bercé d'illusions mais, maintenant, je sais.

Je sais que le monde qui m'intéresse est—là—sous mes yeux. Mon oeil digital, c'est ma jambe de bois. Lui voit mieux que moi entre les interstices, au delà des courbes et des lignes, ce qui m'émeut.

Je touche enfin au but. Des mots, des images...voilà ma liberté.

Encore quelques jours, des mois et je serai fixé.


Vision asymétrique d'une nuque.








20110718

Ma Belle Bretagne

Ce week-end, notre pays a pris des airs de Bretagne et d'Amazonie. Le vent a soufflé, la pluie est tombée en cordons serrés. Moi, j'étais heureux car mes photos ne sont jamais aussi belles que lorsqu'elles sont prises dans des orages.


La pluie, le vent ...lorsque les éléments se déchaînent, mes photos prennent vie. Comme métaphore de la vie, je ne vois pas mieux: le calme plat, la brise légère, le soleil...c'est tellement mortel, alors qu'un petit ouragan de temps en temps: ça vous réveille vos morts, vous sort de la routine, de la végétation. Que dis-je? —Vous ressuscite des morts.


J'aime ces photos de paysages ravagés. Hommage à la pluie et au vent. Douce destruction en attendant la réconciliation qui ne tarde guerre. Maudit soleil: Pourquoi venir troubler de tes dards cette oraison funèbre?