20111012

Theodora

Je suis rentré dans cette parfumerie comme dans une église: à génuflexion.


Quelques fidèles qui assistent à la messe: un prêtre - une prêtresse devrais-je dire - , le décorum et les odeurs. Mes souvenirs d'église, qui datent de ma plus tendre enfance, sont des souvenirs olfactifs : l'encens , les bougies, le bois.  Des sensations très nettes. L'eau froide du bénitier, la lumière qui perce au travers des vitraux, et puis, la sensation du temps qui passe lentement.


La vendeuse à l'air d'une sainte. Elle évangélise à tout va, et moi, je suis prêt à confesser mes crimes. Tous mes crimes—même ceux que je n'ai pas commis. Je lui avoue ma passion pour la vanille et les parfums capiteux. Elle ouvre flacon après flacon, et ma tête tourne déjà. Je sais que je repartirai d'içi infidèle car, c'est bien de trahison qu'il s'agit. J'ai confié dix-huit ans de ma vie aux Artisans Parfumeurs, et là, je suis prêt à changer de religion. Découvert en 1994, je les ai adopté dès la première goutte posée sur ma peau : l'eau du navigateur, fou d'absinthe, vanille, etc. 


Un changement s'opère: je troque le vieux pour du neuf. 


Ma nouvelle idole s'appelle Kilian: un parfum corsé, ample et généreux. Un arôme qui vient de l'orient.


La messe est dite. J'ai jeté mon dévolu sur un flacon de 30ml. Nouvelle religion, nouveaux symboles, nouvelle prière. Celles que j'ai envoyé au ciel, en 1994, sont parvenues jusqu'à LUI. Celles-ci en feront-elles autant ?


In Kilian, I trust.


JMF

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