20160628

Les Racines du mal



"L’écrivain Maurice G. Dantec est mort" voilà ce que titre le Monde ce matin. 

Maurice G. Dantec serait mort d'une crise cardiaque. Une mort honorable, moins violente que je l'imaginais pour un homme comme lui, mais allez savoir, il a peut-être été assassiné par le Mossad, ou par un taré du coin. N'empêche que c'était un bon écrivain. Irrévérencieux, politiquement incorrect , fâché avec tout le monde, mais visionnaire. Il s'est exilé au Canada, loin de la France qu'il a bien fini par haïr, mais comment faire autrement ? 

Ce qui se profile dans le Royaume de France fait froid dans le dos. Le pouvoir musèle peut à peut toutes les voies de contestation, lui l'avait bien vu, et s'était mi à dos une bonne partie de l'inteligencia Parisienne.  Quand on voit ce que devient Canal +, les Inrocks tu comprends qu'il vaut mieux mourir d'une crise cardiaque plutôt que de voir Jamel faire des courbettes devant le nouveau Patron de Canal.

Esprit subversif, libre, halluciné et probablement shooté, il aura jeté quelques pavés dans la mare et fait baisser l'indice de la connerie ambiante de quelques degrés. 

Sans Dantec la littérature Française n'a plus qu'a abdiquer , car hormis Houellebecq je ne vois plus très bien qui pourra relever le niveau.

Allez courage, rendormons nous, ce n'est qu'un vilain moment à passer, la fin est toute proche.




20160621

L'idée du voyage




Mon ami Chabran me disait qu'il jugeait la force d'un roman en lisant la première page, il voulait même en faire un recueil , bonne idée car je crois aussi à la force des premiers mots.

Tout est dit dans la première rencontre, dans les premiers instants, et il est difficile de croire que l'on ne fera jamais meilleure impression que dans les 5 premières minutes.

Je pense qu'il a raison, et il en va des livres comme des femmes et les hommes qui croisent mon chemin. Le premier mot, la première phrase, voilà ce qui donne le ton. Le reste n'est que répétition, souvent maladroite , une vaine tentative de retrouver l'équilibre alors qu'on sait qu'on y arrivera jamais.

Le miracle se produit parfois, chez les grands. La suite vaut parfois le détour...

Je choisi "Pnin"....un roman qui me va comme un gant. Pas facile en Anglais. Je ne crois pas que j'aurais pu lire Nabokov dans une autre langue que le Français, trop compliqué, trop riche j'aurais tout perdu au passage.

Quand je voyage je pense à Nabokov, Javier Marias ou Laurence Sterne...aux premières pages de leur roman surtout. Timofey Pavlovich Pnin ou Natalia Manour qui se défait dans la mélancolie. J'aime l'idée du voyage mais pas le voyage. Ou plutôt j'aime voyager mais pas le voyage.

Je vois dans le voyage, enfin le voyage d'aujourd'hui, comme une contrainte, un non-sense ...une course contre-la-montre qui va toujours dans le sens de la laideur.

Le voyage de Pnin est un voyage qui suggère la lenteur, la mélancolie. Le voyageur de Sterne vit au rythme de la Diligence , la tête de Natalia est bercée dans le train qui l'emmène à Milan.

Le voyage dans ce qu'il a de meilleur.

Et c'est bien Nabokov qui décrit le mieux ce fameux voyage en train.

Fameuse première page...une des meilleurs selon moi.


"The elderly passenger sitting on the north-window side of that inexorably moving railway coach, next to an empty seat and facing two empty ones, was none other than Professor Timofey Pnin. Ideally bald, sun-tanned, and clean-shaven, he began rather impressively with that great brown dome of his, tortoise-shell glasses (masking an infantile absence of eyebrows), apish upper lip, thick neck, and strong-man torso in a tightish tweed coat, but ended, somewhat disappointingly, in a pair of spindly legs (now flannelled and crossed) and frail-looking, almost feminine feet"