20120329

Le Mépris

Dans le film de JLG Paul(Piccoli), écrivain scénariste, vit avec la belle Camille(Bardot). Il accepte un contrat qui l'oblige à quitter Rome pour un long séjour dans le sud de l'Italie. L'idée de voyager, de quitter sa ville et ses amis ne plaît pas à Camille. Camille aime profondément Paul et c'est probablement par amour qu'elle accepte de le suivre lui et le producteur du film: le beau et séduisant Prokosh (Palance).
Camille passe de longues heures seule avec Prokosh. Camille pense que Paul à des idées en tête : mettre Camille dans le lit de Prokosh pour obtenir quelques faveurs (de l'argent ? plus de liberté pour écrire le scénario ? ). 


Elle pense aussi que Paul la rejette. Prokosh pense que Camille est une femme facile qui s'ennuie de son mari. Prokosh méprise probablement Paul pour se qu'il pense être de la lâcheté. 


Paul aime Camille. Superficiellement, je crois. Il aime l'idée d'aimer Camille. Pas Camille.


Camille pense que son mari est un lâche. Comment peut-il accepter que Prokosh la séduise sans intervenir ? 


De là naissent des malentendus, le mépris, et leur couple vole en éclats.


J'aime ce film. J'aime la scène d'ouverture. Le dialogue de BB sur le lit, dans la salle de bain. Les longs travellings de JLG (le travelling est une affaire de morale) et surtout la musique qui colle aux images. L'italie....évidemment.


Une brochette d'acteurs: Fritz Lang dans son propre rôle (génial). 


Mais c'est la fin qui me passionne. Camille décide de quitter Paul. Elle s'enfuit dans la belle voiture de sport conduite par Prokosh. 


Plus tard, Paul quitte le lieu du tournage et prend la route à son tour. Il croise une voiture accidentée. 


C'est Camille et Prokosh. Morts. Le visage de Camille ensanglantée hante encore mes nuits. 


Camille méprisait Paul pour se qu'il était, Paul pour se qu'elle faisait.









20120304

JM Tu es Impossible !!!


impossible
adj. (in-po-si-bl')
Qui ne peut être, qui ne peut se faire.


Si, comme disait Coluche, j'ai bien compris la théorie de Nietzsche: "L'avenir de l'homme serait un homme détaché des besoins existentiels, matériels et surtout détaché des autres. Un homme dont la morale doit se suffire à lui-même, lui dicter sa conduite dans le but unique de l'aider à réaliser ses rêves".


L'Ubermensch—comme l'ont si mal compris ces idiots de Nazis—n'est pas un demi-dieu, un surhomme qui rêve de dominer les autres. Il est seul, c'est un artiste, un artisan, un professeur...qui ne rêve que d'une seule chose : dominer ses peurs, ses émotions dans le but de se surpasser.

On est effectivement loin des théories raciales de nos amis de l'extrême....

Je n'avais pas bien lu Friedrich. Voilà ce que c'est que de faire l'école buissonnière...

Ce qui m'intéresse en ce moment dans cette histoire c'est la morale. Ce qui est morale pour moi ne l'est pas forcément pour l'autre. Du moment que ma morale n'oblige pas l'autre à consentir (cautionner) à des actes immoraux, suis-je dans le bon droit ?

Si Godard dit: "qu'un travelling est une affaire de morale", il pense probablement que c'est une affaire qui ne regarde que son auteur et pas les autres. Y a-t-il UNE morale? Non, sans doute. La morale est-ce une affaire de nombre ? Probablement. Un contre mille...c'est perdu d'avance.

Donc, si selon Nietzsche, il faut suivre ses propres préceptes pour réaliser ses rêves, si la morale est une question personnelle qui ne devrait pas être influencée par ce que pense ou font les autres ....la solution au problème qui m'est posé est assez simple.

L'autre jour quelqu'un me disait : "JM tu es impossible". C'est vrai que je suis impossible. Je change souvent d'avis. Je navigue à vue, au feeling. Je sais sans savoir. J'imagine des choses. J'angoisse avant l'heure. J'imagine, je prophétise le pire et souvent rien de tout ce que j'ai imaginé n'arrive.

Impossible à vivre : probablement. Mais en même temps, je n'échangerais pas ma vie contre la vie tranquille à la quelle aspire les gens. Passer du cri au silence me va très bien. Je m'affirme de plus en plus comme je suis. Il en aura fallu du temps pour assumer cette "terrible" nature...

Oui, je suis impossible mais il y a une (grande) marge de manoeuvre que je laisse à qui sait m'approcher.

Ne m'enfermez pas. Comment vouloir enfermer un fils d'esclave? Liberté, je pense que ce sens coule dans mes veines depuis longtemps.


Impossibilité/liberté.

Voilà des thèmes que je voudrais bien aborder en photographie....merci pour le "tip".




20120303

Annie Hall


Tout dans ce film est génial. Je l'ai revu l'autre jour. Hilarant du début à la fin et puis si juste...du grand Woody.

J'avais oublié la scène d'ouverture. Ce face caméra où il déballe tout, sa conception de l'existence, ses peurs, ses angoisses et puis ce fameux joke de Groucho : "Je ne voudrais pas être membre d'un club qui m'aurait comme membre". Combien de fois je ne l'ai pas sortie celle-là.

Voilà un film qui me correspond bien. Le cinéma de Woody me va bien : grandiloquent, obsédé, angoissé. C'est un cinéma de l'angoisse. Angoisse de vivre. Angoisse de mourir. Mais du rire et de l'humour par dessus tout. De l'humour juif en plus, mon préféré s'en doute. Il n'y a qu'eux pour rire même quand la barque prend l'eau. Y en avait-il pour rire dans les camps?

Je suis tombé sur cette article de Nicole Lapierre publié dans Vacarme où elle cherche les liens qui existent entre la "mémoire juive" et la "mémoire noire", ou plutôt, comment ces deux communautés ont choisis de se rappeler, comment elles s'expriment et se voient. Passionnant. J'ai longtemps pensé qu'il y avait des parallèles dans la souffrance, dans la conception du monde et dans la relation à l'autre.

Je n'y avais pas pensé avant mais je connais beaucoup de couples mixtes "juif/noir". Etonnement, c'est souvent un noir avec une juive. L'inverse est plus rare.

V.,S.,A...drôle,esprit caustique, tyrannique, gourmande, fougueuse...y a des parallèles—c'est sûr.

Bref, Woody me fait hurler de rire.

Lien sur la scène d'ouverture