20110731

Les Meilleures Ribs du Comté

"Tu fais les meilleures Ribs du comté", c'est ce que m'a dit ma femme avant de me quitter, que je faisais les meilleures ribs et que ma queue avant le goût de miel—mais—ça ne l'a pas empêché de se tirer avec cet enfoiré de Clive. Ca fait deux ans qu'elle s'est barrée cette connasse, et j'espère qu'elle bouffe les pissenlits par la racine. En ce qui me concerne, je fais toujours les meilleures SpareRibs du comté. Je le tiens de mon père qui était boucher a Rigsville dans l'Ohio. C'est grâce à sa recette que mon père à connu ma mère et c'est grâce à elle, aussi, que j'ai connu ma femme Gil. Gil était une fieffée salope qui avait la réputation de coucher avec toute la ville mais pas avec moi. Toute la classe était passée dessus, mais elle refusait obstinément de le faire avec moi. Même se grand naze de Dick se l'était tapée, alors mon égo en a prit en coup. C'est à ce moment que mon père m'a parlé de sa fameuse recette. Il m'a dit que si une fille y goûtait, elle était déjà à moitié dans mon pieu et que pour l'autre moitié, il fallait compter sur son baratin, son esprit ou sa belle gueule. 

Côté esprit, j'avais pas été gâté par la nature. De loin, je ressemblais à un taureau. De près à un vautour. Heureusement, il me restait mon baratin. Un cadeau de ma mère, me disait mon père. Je pouvais parler des heures sans répéter deux fois les mêmes choses.

Bref, quand cette salope de Gil s'est pointée chez moi pour réviser ses devoirs de math, j'étais en train de mariner des belles SpareRibs. Elle n'a pas eu l'air plus étonnée que ça que je cuisine des SpareRibs—à huit heure du mat'. On a commencé à réviser nos maths et quand elle m'a demandé si j'avais un truc à grignoter, elle n'a pas non plus eu l'air surprise quand je lui file une assiette avec deux SpareRibs. Elle se les ai enfilé comme ça: d'un coup. Puis, elle s'est léchée les doigts. La prochaine chose dont je me souviens, c'est qu'elle était dans ma chambre en train de me sucer. Putain, mon père avait raison: sa recette rendait les filles dingues.

J'en était là dans mes réflexions quand j'ai entendu quelqu'un gueuler dans l'allée. Je n'attendais personne. On était samedi, le jour des SpareRibs. Tout le monde savait dans le quartier que le samedi c'était MON jour. Celui, où, je cuisinais mes putains de SpareRibs qui font grimper les filles aux rideaux et bander les mecs comme des taureaux. 

J'en avais seize qui marinaient depuis la veille au soir: un beau lot que m'avait ramené Mick Renolds le commis qui travaille chez Holmes & Holmes, le traiteur du village. Je comptais bien m'envoyer les seize Ribs avec une bonne bouteille de Vat 69. Rien de tel pour commencer le week-end. 

Il faisait chaud, je somnolais pendant que mes bébés doraient sur le grill quand je l'ai entendu crier. Barbara Sommers était la femme d'Emmerson Sommers. Les Sommers tenaient la ville par les couilles depuis cinq générations. Emmerson était le PDG de la scierie qui m'employait depuis trente-trois ans. Sa femme Barbara était une fieffée salope qui baisait tout ce qui bouge à des miles à la ronde. C'est une nympho de première. Emmerson le savait, je le savais, tout le monde le savait. Il ne se passait pas une semaine sans—qu'à cause d'elle—un scandale n'éclate, qu'un gars de l'usine se fasse faire choper les pantalons en bas et la queue entre les cuisses de Mme Sommers. Sa finissait toujours mal pour le mec: il commençait par perdre son job puis quelques dents grâce aux bons soins de Bill et Frazier: les deux hommes de main de M. Sommers. 

Voir débouler Barbara dans sa vie, c'est voir débouler les emmerdes. Cette femme n'avait ni scrupule ni morale. Si elle voulait une queue, elle se l'appropriait comme d'autres un petit chien dans une vitrine ou un petit pain au chocolat dans une boulangerie. Elle changeait d'amant comme de chemise et à ce rythme là, elle aurait fini de se taper tout ce qui compte d'être masculin dans le comté avant la fin de l'année.

Je suis ce qu'on appelle un F6. Un employé à qui, il ne reste plus que six ans à tirer avant la quille. Quand il vous reste six ans à tirer, vous faites ce que vous devez pour rester en dehors des ennuis, et quand on travaille à la Brasserie Sommers, les ennuis s'appellent Barbara Sommers.

Barbara se tenait à l'entrée du jardin, ivre visiblement. Elle avait l'oeil mauvais, la démarche incertaine. On ne pouvait pas dire qu'elle était habillée. Je voyais ses seins, et ses grosses fesses faisaient comme un U dessous sa chemisette, mais l'ensemble n'était pas vilain à regarder. 

"Qu'est-ce que tu fou Bennett ? Qu'est-ce que c'est que se bordel qui cuit sur ton barbecue à 08h00 du mat?".

Je n'osais pas bouger. J'aurais voulu prendre mes jambes à mon cou, disparaître dans la nature—tout pour ne pas affronter Barbara Sommers. 

Elle s'avança en titubant, s'écroula presque sur le sofa et tandis la main sur le barbecue. Je fis un geste pour l'en empêcher, mais elle avait déjà saisi une côte et l'apportait à sa bouche. J'ai vu la côte disparaître entre ses lèvres et sa longue langue rose. Ses yeux se sont retournés dans ses orbites, et elle a poussé un long soupir de ravissement avant de s'écraser la tête la première sur ma terrasse.

A ce moment, j'ai ressenti une violente douleur sur le sommet du crâne et suis venu rejoindre Mme Sommers sur le carrelage de ma terrasse. Nous voilà Barbara et moi logés à la même enseigne : allongés sur le ventre contre terre, inconscients et passablement ivres mais à la différence de Barbara, moi, je suis encore vivant.

Tom, le shérif de comté, me dit que j'étais dans de sales draps. Sur ce point, je suis d'accord avec lui. Madame Sommers est décédée dans mon jardin ce matin-là à 08h00. Elle et moi à moitié nus sans personne qui puisse témoigner ou seulement me dire ce qui s'était passé.

D'après Tom, j'avais plutôt l'air d'un enfoiré qui s'était fait plaqué par sa régulière, qui avait voulu se taper la femme du patron et qui avait merdé et pété les plombs. 

Quelque chose me disait que je m'étais fait baiser et que j'allais porter le chapeau pour quelqu'un d'autre. 

Mais ça, c'était mal me connaître. Je n'était pas fils de boucher pour rien. Mon père avait un putain de sale caractère. Un jour, il a  accroché un client à un crochet de boucher par ce qu 'il avait prétendu qu'entre ma mère et une vache, il n'y avait que 20 kilos de différence. J'ai hérité de mon père son mauvais caractère et la bagarre facile.



"Essai de rédaction..." pas de suite à donner. C'est juste pour rire et faire travailler mes doigts et mon imagination. 

Citation à Comparaître

Ma vision se brouille: je ne vois que des formes. Je ne distingue plus vraiment les gens qui m'entourent.

Je vis au milieu des ombres. Je compte mes pas. Un de plus, c'est déjà un de gagné.

Je me persécute davantage. Je suis mon propre bourreau. Chaque jour, je comparais devant mon tribunal pour mes petits délits. J'annonce à la cour la liste des peines encourues.

Je prends ma défense: j'évoque mon passé, mon enfance, ma mère, la rupture, les débuts difficiles....je cherche des circonstances atténuantes, je veux attendrir les jurés. Les jurés s'étonnent, s'agitent sur leurs sièges...ne semblent pas touchés par la verve de l'avocat.

A la lecture des chefs d'accusations, l'assemblée réprime un mouvement d'horreur. Comment la société peut-elle cacher en son sein un tel individu?

Sur le banc, l'accusé reste de marbre. Il sent déjà la lame du couperet lui chatouiller le cou. Sous sa cagoule, le bourreau rit. Qu'on lui amène cette victime—pas si innocente que ça.

Le juge fait figure d'autorité: il a jugé des cas bien plus sérieux que celui-ci. Des broutilles, se dit-il.

Le verdict va être annoncé. Le juré à délibéré. L'accusé se lève. Il n'a pas un regard pour les parents de la victime.

Le juré annone : "je déclare le prévenu coupable de crime de lèse Majesté”. Il est condamné à  la peine capitale. “La sentence sera exécutée demain".

Bah qu'on se pende ici ou qu'on se pende ailleurs ...pourvu qu'on se pende.

J'en étais là de mes réflexions quand je me réveilla. Tout ceci n'était qu'un rêve. J'avais été, une fois de plus, le jouet de mon imagination. Pas de procès, pas de tribunal, pas de crime.

Je suis dans mon lit. Il est 8h.

20110727

Que n'ai-je....

Ca se précise. C'est pas la grande vague de fond mais s'a frémi doucement. De petites amplitudes, de légères variations—à peine perceptibles pour celui qui ne saurait voir l'infiniment petit.

Moi qui ai guetté l'infiniment grande, que n'ai-je pas fait pour m'éloigner, élargir le cercle? —Alors que la solution était là sous mon nez.

J'ai cherché jusqu'à me rompre, jusqu'à l'ennui—l'insolite dans mes voyages et mes aventures au bout du monde, sans savoir que je l'avais sous le nez.

J'ai longtemps contemplé. Je me suis arrimé à de fragiles esquifs. Accroché comme un naufragé à sa bouée, un artiste à ses chimères—je me suis bercé d'illusions mais, maintenant, je sais.

Je sais que le monde qui m'intéresse est—là—sous mes yeux. Mon oeil digital, c'est ma jambe de bois. Lui voit mieux que moi entre les interstices, au delà des courbes et des lignes, ce qui m'émeut.

Je touche enfin au but. Des mots, des images...voilà ma liberté.

Encore quelques jours, des mois et je serai fixé.


Vision asymétrique d'une nuque.








20110718

Ma Belle Bretagne

Ce week-end, notre pays a pris des airs de Bretagne et d'Amazonie. Le vent a soufflé, la pluie est tombée en cordons serrés. Moi, j'étais heureux car mes photos ne sont jamais aussi belles que lorsqu'elles sont prises dans des orages.


La pluie, le vent ...lorsque les éléments se déchaînent, mes photos prennent vie. Comme métaphore de la vie, je ne vois pas mieux: le calme plat, la brise légère, le soleil...c'est tellement mortel, alors qu'un petit ouragan de temps en temps: ça vous réveille vos morts, vous sort de la routine, de la végétation. Que dis-je? —Vous ressuscite des morts.


J'aime ces photos de paysages ravagés. Hommage à la pluie et au vent. Douce destruction en attendant la réconciliation qui ne tarde guerre. Maudit soleil: Pourquoi venir troubler de tes dards cette oraison funèbre?



Mon Orénoque

Cette idée m'est venue comme on enfile une chemise : simplement et naturellement. Je cherchais une idée de reportage et de photos à faire. J'ai cherché ce qui résonnait le mieux, en moi, et j'ai repensé à ses escapades que je faisais, enfant, sur les bords de la Versoix: ces rêves d'aventures qui m'ont emmené si loin de ma maison.


La Versoix...mon Orénoque, mon fleuve maudit. Combien de ballades de long en large sur ces rives qui n'en finissent pas. 22km à se tordre sur mes terres. 15km chez nous et 7km en "terres étrangères", en France. 


A sa source, la Versoix à des airs de rivière Amazonienne. C'est mon Orénoque, mon Mississipi à moi. J'ai envie de photographier cette rivière tantôt capricieuse tantôt rachitique. J'y vois mon enfance et mon adolescence. 


Cette végétation me rappelle des terres que je n'ai pas connu. Terres chaudes et humides. Ces sentiers qui mènent nulle part, qui vous font perdre le nord et la raison.


Mon prochain reportage s'appellera : Mon Orénoque. Je vais descendre ce "fleuve" et le prendre par toute ses coutures.



20110716

Le Moine (de Lewis)



J’ai lu ce livre à New York en...je ne sais plus quelle année. Je me souviens seulement que je vivais à Brooklyn chez un copain et je squattais le chambre du dénommé Foofwa, danseur de son état. 

Je logeais dans sa chambre, dormais dans son lit au pied duquel se trouvait une bibliothèque.

Je me rappelle avoir parcouru les ouvrages et être tombé sur ce livre. Le titre, puis la couverture m’avaient interpellé. Je devais ouvir la première page et ne plus refermer le livre jusqu’à tard dans la nuit. J’avais essuyé le choc, tant bien que mal, faisant bonne figure le lendemain, mais il est indéniable que la lecture de ce livre avait laissé des traces. 

La nuit suivante et la suivante encore, peut-être, je me suis plongé dans l’univers sensuel et tordu d’Ambrosio et d’Antonia. 

Ces pages n’étaient pas sans me rappeler mes longues errances new yorkaises. New York: ville de tous les excès mais qui s’est garder sa contenance. A mon avis, le vice de la grosse pomme diffère de celui de la ville lumière. A Paris, tous les coups sont permis, mais New York affiche une retenue. Les femmes sont souriantes (des belles dents d’Américaines) , elles sont avenantes mais finalement, à quelques exceptions prêt, elles sont des grandes prudes. 

A Paris, le libertinage s’inscrit en grosses lettres du quartier Latin au boulevard de Pantin—de la porte dorée à celle de la muette. “Paris est un grand lit”: disait l’autre. New York est un grand bar, un dance-floor de 1000 hectares, mais les Américains ne savent pas vraiment s’amuser.  Ils cherchent le plaisir là où il n’est pas.

Le moine de Lewis ne va pas bien: abandonné par sa mère, il est recueilli par des Pères et il élevé dans un couvent. C’est un modèle de piété. En apparence—bien sûr—car sous ses airs de bon prêtre se cache l’autre moine.

“ On ne se remet jamais de son enfance”: dit Mathieu Kassovitz qui reprend le rôle d’Ambrosio dans le film.  C’est bien une quête d’amour qui se cache derrière les dépravations du père Ambrosio. Les seins d’Antonia sont ceux de sa mère.
Cette affaire ne pouvait que mal finir: un moine, une femme, des crimes ne pouvaient que déboucher sur la mort.  “Nous ne sortirons  pas d’ici vivant ”: écrivais-je, il n’y a pas si longtemps. Ambrosio s’est donnée la mort par amour pour Antonio, par faiblesse et par grandeur aussi.

Le film est sorti sur nos écrans aujourd’hui. J’irai le voir. 

20110713

Le Syndrome DSK

Je ne veux pas jeter la pierre ni condamner l'homme. C'est son affaire: sa parole contre la parole de la femme de ménage. Néanmoins, cette histoire de moeurs et de soubrette m'interpellent. Un homme convoite une femme—rien de plus normale à cela. Cela dit, qu'un homme comme lui brûle pour une femme comme elle a de quoi surprendre.


Oh, je ne parle pas des genres, mais de l'éloignement, de cette fameuse distance entre les classes. La laborieuse et la bien lotie. DSK en maître et la femme de ménage. En quoi au juste ?


On la dépeint tour à tour comme une pieuse, comme une travailleuse et, maintenant, comme une méchante mère maquerelle, voleuse et menteuse de surcroît.


Ceci ne change rien à notre affaire. Pourquoi un homme comme lui s'intéresse-t-il à une femme comme elle ? Qu'est-ce que cette femme aurait de plus que sa femme ? Une richissime intellectuelle,  ancienne gloire de la TV française, mi-coureuse et mi-mangeuse d'homme.


Pourquoi un homme qui a tout pourrait vouloir une femme qui n'a rien ?


Mais n'a-t-elle rien au fond ? Au fond de sa misère, n'a-t-elle pas ce que les femmes du monde recherchent le plus ?


Ne cacherait-elle pas, au beau milieu de ses jupons, le joyau que tant de femmes imbéciles iraient chercher dans les boutiques de luxes?


Le joyau ne serait-il pas tout simplement la décomplexion, le plaisir, le moment présent ?


Une peau lisse et soyeuse vaut-elle plus qu'une couronne de diamant ?


Des seins galbés, des hanches souples vaudraient-ils mieux qu'un château en Espagne ?
Le regard du dominant sur le dominé est une règle du jeu. Que l'un des deux biaise et le jeu est faussé. Si l'esclave ne succombe pas à l'appel du maître, il n'y a pas de lutte.


Que serait un maître sans son esclave ? Rien..absolument rien.


Le seul fait de savoir qu'une homme puisse par le seul fait de sa puissance—fut-elle financière, physique ou psychologique—manipuler une pauvre femme en dit long: sur l'homme et sur la femme.


Je crois sincèrement que DSK est un homme qui abuse de sa puissance. Il est victime d'elle. Des femmes (et des hommes) succombent. Ils ou elles ne peuvent pas résister à cela.


D'un autre côté, des femmes (ou des hommes) s'inclinent devant cette force et choisissent de se laisser corrompre.


J'ai du mal à croire au viol pur et simple. Je crois plutôt à un rapport de force qui jouerait trop en faveur de DSK. Il a abusé de sa position prédominante pour exploiter une femme que rien ne pouvait faire résister et qui était peut-être même tentée par l'expérience.


Un homme face à une proie facile n'aura pas de pitié.


Ce qui me conforte dans l'idée que sa femme (Anne) n'est pas une femme facile et qu'elle lui mène la vie dure. Le "pauvre" n'a plus qu'à se replier sur des femmes fragiles.


Prions pour que DSK rentre en France, qu'il soit jugé pour ses crimes et qu'il paie.


Ce gros balourd n'a que ce qu'il mérite: il n'avait qu'à choisir une femme à sa taille, et pour ceux qui en doutent, allez voir Trop belle Pour Toi ou Les femmes du 6ème au cinéma.




20110711

Un Ange de Plus...

A force de nous les voler ça va finir pas se voir. Il faudrait qu'il fasse plus attention l'autre là haut. Je ne veux pas dire qu'il fait mal sont boulot mais il pourrait différer un peu, je sais pas moi, faire des pauses ou des combines pour ne pas prendre toujours dans le même tas.

Déjà, quand on jouait aux cartes avec ma soeur et ma mère, j'avais toujours cette impression qu'on se foutait de ma gueule. C'est ma mère qui faisait la distribution des cartes et, je ne sais pas pourquoi, je tirais toujours les mauvaises. Je ne sais pas qui de nous deux faisait en sorte que ça se passe mal pour moi. Ma mère distribuait, et je piochais. Toujours les mauvaises combinaisons.

Il pourrait quand même faire en sorte de distribuer des As, des Rois, des Dames ou à la rigueur des Valets à ceux qui triment—là—en bas et pas toujours les 2, les 3...y en a marre.

Faudrait voir à varier les donnes, changer de discours. Moi, j'aime pas qu'on m'enlève mes anges les uns après les autres sous prétexte qu'il en manque là-haut. Pas la peine de me faire de trop longs discours, d'invoquer des raisons d'états: je sais qu'on appelle pas les anges pour rien. Je dis simplement : laissez-les nous un peu plus longtemps.

Des Anges finissent par se confondre avec des personnes que j'ai connu. Leurs lèvres ont effleuré d'autres lèvres.

Ange bienfaiteur, ange baisé-volé, ange caresseur de pied, qu'importe, nous finirons tous par nous envoler en jour.

C'est à ceux qui restent à qui j'envoie quelques pensées, courage, et que celui qui distribue les cartes nous oublie un peu maintenant.



20110704

Un Coeur Simple...

Dans le nouvelle de Flaubert, ma préférée peut-être, l'intrigue tient en très peu de points. Une femme de chambre vit sa vie, travaille et meurt quasiment dans l'indifférence avec comme seul compagnon un perroquet. Les romans de Flaubert sont parfois un tantinet moralisateur, un peu bourgeois. Pourtant, celui-ci me plaît parce qu'il est simple : moins d'artifices que Madame Bovary ,moins pédant que l'Education ou Bouvard et Pécuchet. Je n'ai jamais lu Salambô son meilleur roman, paraît-il.



Ce que j'aime dans cette nouvelle,  hormis sa brièveté, c'est l'efficacité de l'auteur à contenir toute ces histoires sur quelques pages. 30 ou 40 pages : ce n'est rien et, pourtant, c'est le monde entier qu'il a résumé.



Dans un Coeur Simple, tiré du recueille 3 Contes, j'aime la trame et le personnage principal qui, comme dans tant de romans du 19ème voir du 20ème comme dans Pnine, nous dépeint l'envers des choses : les gentils sont les véritables méchants de l'histoire (et inversement). La bonne par exemple qui peut paraître anormale, stupide au prime abord, niaise est probablement plus intelligente, intuitive , proche de ses convictions que ces idiots qu'elle a pour maîtres. Comme disait JLC "les méchants ne sont pas ceux que l'on croit"


Un bon roman. A conseiller à ceux qui n'ont pas le temps de lire....


Rien à voir avec le roman, mais j'aime les choses simples: manger, boire, rigoler avec mes enfants. Ce week-end, nous n'avons rien fait de spécial. Un week-end "ici" pour changer. Samedi soir, nous sommes "descendus en ville" comme j'aime dire et nous avons mangé des pizzas au bord du lac. Il faisait beau, il faisait chaud. Que demander de plus ? 


Les enfants étaient contents, et moi aussi. Finalement, rien de mieux que les choses simples.


20110702

La Conjuration des Imbéciles (A Confederacy of Dunces)

Je crois que c'est Abdulaï, le frère d'un ami Sénégalais, qui m'en avait parlé. C'était—selon lui—un des meilleurs livres qu'il avait lu. A la première lecture, j'avais été impressionné, mais ce livre ne résonnait pas encore comme c'est le cas maintenant. C'est plus l'histoire de son auteur qui me touchait. C'est un roman de John Kennedy Toole qui ne sera pas publié de son vivant. John Kennedy se suicide à l'âge de 32 ans. Son manuscrit refusé, jugé "indigent" par les éditeurs, aura poussé son auteur au bord de la déprime. Quoi de plus dangereux, en effet, que d'être entouré d'imbéciles. 


Ce roman est classé dans la catégorie "roman humoristique". Je ne vois pas grand chose de drôle dans le roman. C'est—pour moi—plutôt un roman tragique, consternant...


Je me faisais cette réflexion hier. J'avais donné à Elias la mission d'aller seul à la piscine. Petite ballade en vélo de 10min à peine, mais il y a de la distance. Il faut cadenasser les vélos, prendre son ticket, trouver une place, etc. C'est une vraie petite mission pour un enfant de neuf ans. Bref, je retrouve les petits, bien installés, entre deux groupes de jeunes. Trop proche à mon goût, mais Elias ne connaît pas mes goûts.


J'ai passé l'après-midi à lire et dormir au soleil. C'était bon. J'ai fait quelques brasses et me suis amusé dans l'eau avec les enfants.


Nos voisins, des jeunes, d'environ quinze ou seize ans, parlaient fort, comme des jeunes. Cela n'avait rien de choquant. Ce qui l'était, par contre, c'était leur langage. Je ne suis pas un prude ni quelqu'un de particulièrement raffiné de ce côté là mais tout de même. Je ne comptais plus les "fils de putes", "salopes", "putes" tout ceci ponctué de gestes obscènes et de paroles dégradantes (surtout envers le sexe féminin).


Quelqu'un disait "la moralité des hommes devient rigide lorsque le reste ne l'est plus". Peut-être que je vieilli tout simplement mais j'ai du mal à croire que nous étions comme ça au même âge. Je veux dire que je suis sûr que nous étions aussi bêtes mais pas aussi vulgaires—quoique la bêtise à ceci de particulier: elle rend tout le monde vulgaire. Ok, va pour nous étions aussi vulgaires, mais je ne pense pas que nous utilisions un langage aussi ordurier.


Bah...tout ceci n'est peut-être, finalement, sans lien avec l'évolution du monde et des moeurs, mais mes petites déconvenues du week-end et ma semaine folle me font penser que je suis peut-être entouré d'imbéciles.


La conjuration des imbéciles à été tiré à 1.5 millions d'exemplaires et traduit en 18 langues. 





20110701

”Détruire”, dit-elle

« C'est une sorte de coup de foudre. Ensuite, j'ai tout quitté, tous les autres livres. J'ai commencé à lire, tous les livres d'elle. »


Je n'ai jamais trop compris ce qui se cachait derrière le titre du livre de Marguerite. Je n'ai jamais trop compris ce que disait Marguerite non plus, mais j'aime le sentiment qui m'emplis quand je lis ses romans. Les romans de M. sont comme des vases trop pleins qui débordent, qui finissent par déborder.

Tout a commencé avec elle. Je me souviens dans cette rue M. dans une chambre étroite et mal éclairée. Une chambre jonchée de livres et de manuscrits. De la fenêtre qui donnait sur une cour intérieure s'échappait par grappes le brouhaha d'un restaurant. Je lisais allongé sur le lit des livres dont j'ignorais a peu près tout. Je me souviens, du premier soir, où n'en pouvant plus d'attendre ma belle qui passait son temps dans d'autres lits, je pris un livre au hasard et se fut elle...Marguerite.  Maudit sois-je d'avoir choisi ce livre. Sa lecture m'a laissé exsangue. Une page de Navire Night, et j'ai sombré. Je me suis accroché aux pages comme le naufragé à son morceau de bois. Elles m'ont soutenu jusqu'au milieu de la nuit.

Le bruit des clés dans la serrure m'ont réveillé, et je la vois dans l'embrasure de la porte :"Qu'est-ce que tu fais ?". J'étais là étendu sur le lit, le livre à la main, la lumière allumée comme un papillon surpris dans les lumière d'un phare.

Marguerite. Elle m'accompagne depuis cette nuit. Un livre à la main, je déambule dans la nuit. Navire Night, Un Barrage, Les Mains Négatives, L'amant, Un Barrage Contre Le Pacifique, Le Ravissement de Lol V., Baxter Vera Baxter, La Douleur, La Vie Tranquille.

Plus possible d'être tranquille après elle. Puissance des mots, des sensations. M. a tout emporté, tout détruit.

Comment puis-je vivre à côté de ceux qui ne savent pas? “Détruire”, dit-elle. Je pense qu'elle a raison. Il faut aimer et détruire.

Je ne m'approcherai plus jamais de ces cieux. Aimer, détruire comme les faces d'une même pièce.

Heureuses sont les phrases imbéciles. Ô, combien juste et à propos. Les imbéciles sont heureux, et je vis joyeusement autour d'eux.

Je ne vis plus à P., plus avec N. mais je lis encore M.