20110701

”Détruire”, dit-elle

« C'est une sorte de coup de foudre. Ensuite, j'ai tout quitté, tous les autres livres. J'ai commencé à lire, tous les livres d'elle. »


Je n'ai jamais trop compris ce qui se cachait derrière le titre du livre de Marguerite. Je n'ai jamais trop compris ce que disait Marguerite non plus, mais j'aime le sentiment qui m'emplis quand je lis ses romans. Les romans de M. sont comme des vases trop pleins qui débordent, qui finissent par déborder.

Tout a commencé avec elle. Je me souviens dans cette rue M. dans une chambre étroite et mal éclairée. Une chambre jonchée de livres et de manuscrits. De la fenêtre qui donnait sur une cour intérieure s'échappait par grappes le brouhaha d'un restaurant. Je lisais allongé sur le lit des livres dont j'ignorais a peu près tout. Je me souviens, du premier soir, où n'en pouvant plus d'attendre ma belle qui passait son temps dans d'autres lits, je pris un livre au hasard et se fut elle...Marguerite.  Maudit sois-je d'avoir choisi ce livre. Sa lecture m'a laissé exsangue. Une page de Navire Night, et j'ai sombré. Je me suis accroché aux pages comme le naufragé à son morceau de bois. Elles m'ont soutenu jusqu'au milieu de la nuit.

Le bruit des clés dans la serrure m'ont réveillé, et je la vois dans l'embrasure de la porte :"Qu'est-ce que tu fais ?". J'étais là étendu sur le lit, le livre à la main, la lumière allumée comme un papillon surpris dans les lumière d'un phare.

Marguerite. Elle m'accompagne depuis cette nuit. Un livre à la main, je déambule dans la nuit. Navire Night, Un Barrage, Les Mains Négatives, L'amant, Un Barrage Contre Le Pacifique, Le Ravissement de Lol V., Baxter Vera Baxter, La Douleur, La Vie Tranquille.

Plus possible d'être tranquille après elle. Puissance des mots, des sensations. M. a tout emporté, tout détruit.

Comment puis-je vivre à côté de ceux qui ne savent pas? “Détruire”, dit-elle. Je pense qu'elle a raison. Il faut aimer et détruire.

Je ne m'approcherai plus jamais de ces cieux. Aimer, détruire comme les faces d'une même pièce.

Heureuses sont les phrases imbéciles. Ô, combien juste et à propos. Les imbéciles sont heureux, et je vis joyeusement autour d'eux.

Je ne vis plus à P., plus avec N. mais je lis encore M.

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