20110626

La Possibilité d'une Ile

Des gens qui dansent, qui rient , qui boivent et qui mangent. Un soirée pas ordinaire dans un lieu quelconque. Je suis arrivé—là—par hasard et par obligation. Je devais sortir pour tenir une promesse que j'avais vaguement faite. J'improvise une soirée "beach" au club-house qui jouxte Genève Plage. Une soirée très festive y est programmée : Wake Board Party. Une fois par an et c'est ce soir. Tant mieux je n'ai pas envie de me creuser la tête. Nous arrivons sur le coup des vingt heures. Des tables, un bar (grand), un dancefloor avec le lac et le Jura comme décor : c'est sublime. Deux bières plus tard, le soleil tire sa révérence dans un superbe éclatement de bleu et de rouge. C'est beau.

L'air est chargé, il fait chaud. Les gens arrivent par grappes. Des jeunes. Tous assez beaux, je dois le dire. Les filles comme les garçons. Je rencontre de vieilles connaissances :" salut-salut". Des ex, des cops, des femmes entre deux âges et quelques vieux copains roublards. Ca promet. Nous nous asseyons et bavardons avec deux vieilles copines. La soirée s'anime, les langues se délient, le ton monte, et le DJ pousse la volume.

Sur la piste ça s'agite. Je pousse l'idée de la soirée au max :
 Pourquoi ne pas aller danser puisqu'on est là ?

Je danse. J'écoute vaguement la musique qui passe. Je ne connais pas. Je suis un peu largué. Les tubes s'enchaînent et je ne m'y fais pas. Les titres sont trop nouveaux. Je suis hors jeu. Je regarde autour de moi. Des filles longilignes sirotent des cocktails et dansent nonchalamment sur l'air du DJ, et moi je pense à Michel.

Dans la possibilité d'une île, il revient sur l'idée de la société idéale belle et forcément insouciante. Où que je regarde, les gens s'amusent vraiment. Les filles regardent les garçons qui regardent des filles, et moi, je regarde tout ça, et puis le lac en toile de fond : c'est beau.

Dans La Possibilité d'une Ile, Michel parle de l'innocence et de la cruauté. Sur la piste certains danseurs sont isolés. Plus laids que les autres, ils n'auront que leurs yeux pour pleurer, ce soir, dans leur chambre triste. Les belles n'ont pas d'yeux ni de pitié.

Ont se croirait à Ibiza. Danser sous les étoiles, il n'y a rien de tel.

Pendant quelques instants, je crois que je m'amuse. Le DJ enchaîne quelques titres que je connais (des années 2000). Je suis là parmi mes frères humains, et pour une fois, je ne pense à rien d'autre qu'à danser et à rire.

Toute les bonnes choses ayant une fin, je décroche de la soirée sur le coup de 1h30 du mat'. Content d'avoir pu, l'espace d'un instant, goûter aux fruits de l'insouciance, j'enfourche mon vélo et m'en retourne dans mon siècle.

Cette ellipse m'aura permis de juger de la distance qui me sépare de ce monde que j'ai quitté il n'y a pas si longtemps.

Alors vivre au 20ème ou au 21ème siècle Mr. Falconnet?

La question est posée. Il va falloir y répondre.


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