20120204

Eloge du Désastre

J'aime cette image de celui qui tombe et qui dit: "jusque içi tout va bien". 


Les heures, les minutes qui précèdent le drame ont ceci d'unique que rien ne les distingue des autres, les minutes calmes des heures paisibles. 




Les désastres sont toujours imminents. Vraiment? N'aurions-nous donc aucune faculté de prévoir, de pressentir ce qui va arriver? J'en doute. Je crois plutôt que nous restons sourds aux voix qui nous ordonnent de nous échapper, nous enjoignent de nous éloigner à grands pas, mais nous n'en faisons rien. Nous persistons et signons là, parfois, notre arrêt de mort où de vie selon le point de vue.


Combien de messages n'aurais-je pas reçu? Toujours les mêmes rengaines, les mêmes litanies, je macère dans le même liquide saumâtre. Des cliquetis, des sonneries. Des bruits sourds. Je me réveille au milieu de la nuit. J'entends des bruits. Des messages codés que je ne comprends pas.


De quel drame s'agit-il ? Et qui m'envoi des messages ? 


Encore un pas de côté. C'est par ces injonctions que les photographes ordonnent à leurs modèles de se déplacer. Encore un pas. Mais qui m'ordonne de faire ce pas en avant ? Le gouffre est là, devant mes pieds. 


Je délire trop. Pas moyen de me reposer. Je fatigue vraiment. Mon corps me trahit. Je vieillis bien plus vite que prévu. Ma cheville, ma hanche, mes yeux tous mes organes donnent des signes de mort. Le drame serait-il proche? La fin tant attendue serait-elle au coin de la rue?


Encore des clics clics clics: des bruits. Trop de bruits et d'idées. J'envisage tout et n'importe quoi. Une vie rêvée si originale. Une vie réelle si banale. Mon Dieu quelle horreur.


J'imagine le pire pour constater que tout va bien. L'éloge du drame, c'est un peu mon échappatoire. Mon échappée belle. 


Tendance à dramatiser? Sans doute mais cela m'apaise. 


Je me détends enfin. La crise est passée.  





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