20120207

Béla Tarr

Béla Tarr n'est pas en avance sur son temps. Il n'est pas un précurseur. Voir un de ses films, ce n'est pas voir l'avenir du cinéma: c'est voir le cinéma passé-présent-futur.

Le Cheval de Turin, c'est Welles+Ozu+Dreyer+ Tarkovski+Renoir+Eisenstein à la fois. 


Comment dire ce cinéma qui n'existe pas. Qui n'existe plus. Avec quel mots puis-je décrire ce qui en réalité n'existe pas? Le cinéma de Béla Tarr est condamné à mort et il le dit lui même: "Ce film est le dernier qu'il réalisera parce le public ne veut plus de ce cinéma-là, et que le processus de production devient de plus en plus difficile en Hongrie"


Adieu veaux, vaches, cochons, couvée...


Le cinéma de Béla Tarr est intransigeant: il n'épargne rien ni personne. Un plan qui doit durer cinq minutes durera cinq minutes. Pas de raccourci ni de plan facile: il faut ce qu'il faut.


Je ressors de cette séance bouleversé. C'est une histoire de la condition humaine. Après avoir vu ce film, se nourrir devient un problème.


Dieu soit loué, je me suis forcé à sortir hier soir. Un bon film, c'est toujours ça de prix sur l'ennemi.


Certains crient au génie (d'autres cryogénie), et moi je crie victoire. 


Victoire du grand sur le petit, du beau sur le laid, du signifié sur l'insignifiant.


Tom Cruise contre Belà Tarr: il n'y a pas photo. 


Je vais laisser passer quelques jours avant de replonger dans une salle obscure. L'ami Béla m'a plongé dans le vide où il fait bon vivre.



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