20110521

Chocolate Genius Inc

Y a t-il de la mesure dans le démesure ?  Je me pose cette question en écoutant Chocolate Genius. Chocolate tourne en boucle depuis deux semaines. Il tourne jusqu'à m'en donner des vertiges. Seul moyen d'aborder un artiste : tout lire, tout voir, tout entendre jusqu'au dégoût. Se rassasier, s'empiffrer et tout régurgiter. Je ne sais pas faire autrement. Bashung: quatre ans, Gainsbourg : quatre ans, Tricky : quatre  ans...Comment faire autrement? Je tourne en boucle. Comment, et que lire après Céline ? Après Houellebecq ? Après McCarty ? ...le vide..ou alors se retourner vers les valeurs sûres ..Cioran, Kafka. 


Heureusement, mes bonnes fées me mettent sur la piste et Paul West pointe son nez. Ah, enfin du neuf chez les vieux. Je m'enlise (sans Liz) et m'ennuie à perdre la raison. Et j'attends quoi au juste ? Ok, retour sur le Jazz. Ca me calme les nerfs, mais combien de temps?


Je ronge mon frein. Comment disait Bashung déjà ? C'est comment qu'on freine ? Comment fait on pour descendre du train qu'on l'a pris au hasard. 


Aujourd'hui, les trains ne n'arrêtent même plus dans les gares. Genthod, Céligny, c'est fini...oublié. 


Heureusement, le train "Chocolate Genius" s'est arrêté dans ma gare. Une musique coup de poing. Une musique sur le fil. C'est plein de nostalgie. J'aime.


Je ne sais pas ce que je fiche. Je perds mon temps. Des ronds de fumée. Avez-vous déjà observé des ronds de fumée ? Pleins et ronds. Au début, ils sont beaux, puis il s'amincissent, s'effilochent puis disparaissent sans laisser de trace—juste une odeur.


Revenons à lui: Chocolate Genius Inc. Rencontré au détour d'un bac, à NYC, je l'ai ramené à Paris. Ces disques sont rares. Cinq ans d'absence. Son écriture, à la dérive, m'accompagne à Genève où j'échoue finalement. 2001-2011: Dix ans entre parenthèses. Et là...miracle. Une goutte d'eau dans un océan d'amertume. Un nouvel Album, puis deux puisque dans mon errance imbécile, j'ai oublié de vérifier ce que ce bon Génius trafiquait. Deux beaux Albums, rien que ça....


Deux béquilles sonores qui m'aident à soutenir le fardeau de l'ignorance ambiante. Içi, sa rapote, sa beugle et sa dit pas grand chose. 


Nous crions dans le vide, mais rassurez-vous, personne n'entend rien. J'ai mes subterfuges, mes vieilles recettes. Il faut tenir...


..et mon seul remède c'est l'overdose sonore, visuelle , olfactive , éthylique. Qu'importe le flacon, pourvu qu'on ai l'ivresse. Mes sens s'émoussent, ma vue devient trouble, ma mémoire me joue des tours. J'ai tout sacrifié dans l'autel de ma médiocrité.


Dans Start Dust Memory, Woody monte dans un train. La wagon est à moitié vide, il fait froid, l'ambiance est sinistre, les passagers semblent être tous des pauvres bougres. Mouvement de caméra sur le même quai—un autre train: très bien éclairé, joyeuse ambiance décontractée, une hôtesse sert du champagne à des convives en habit de soirée. Woody interpelle le contrôleur (le film est muet) et mime la victime, celui qui ne doit pas être dans ce train mais dans l'autre...celui d'en face.


Son train part.


Nous en sommes tous là.


Si vous écoutez la même chanson en boucle cinquante fois, vous n'êtes pas fou—simplement dérangé. Vous accrochez à ce que vous pouvez: un livre, des mots, une musique.


Tenez bon, la fin n'est plus très loin.


Merci Monsieur Cholocate Genius 



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