20120709

Mon père ce héro

Je n'ai jamais pensé qu'un jour je me réclamerais de lui. Je veux dire que je n'ai pas songé qu'un jour, je le placerais si haut dans mon panthéon. Moi qui n'ai adulé que des hommes de théâtre, des hommes de lettres , des hommes d'actions et me voilà à aimer un homme simple. 

Des qualités ? Il en avait des tonnes. Il ne faisait pas de publicité avantageuse sur sa personne pour ainsi dire, il était plutôt du genre discret, du genre qu'on ne remarque pas. Il ne faisait pas de manière et pourtant, il avait son genre. Un homme comme il faut. Je lui arrive à la cheville et moi qui pensait qu'il était mon talon d’Achille. Toujours à vouloir aider. Il n'avait pas son pareil pour bricoler. De presque rien, il vous faisait à peu près tout.

Que reste-t-il de ses beaux jours ? Il me manque terriblement. J'aurais dû lui dire à l'époque. Lui dire que ses gestes n'étaient pas insensés, que ses paroles n'étaient pas vaines. J'ai vu et entendu son être. Je me suis bousculé au portillon. Je me suis amassé,agglutiné et j'ai vu l'homme qu'il était.

J'avais honte parfois. Je trouvais qu'il manquait de courage lui qui en avait tant. Il avait sûrement trop de pudeur. C'est moi qui manque de courage et qui par lâcheté rate ma vie. Mais comme G. qui parle de ses beaux ratages peut-être mieux vaut-il réussir un beau ratage que rater une réussite. 

Ma père est mon héro. Il aura finalement vécu plus proche de son idéal que son fils qui aura couru sa vie entière à rattraper quelque chose qu'il ne verra probablement pas. Idéaliste/Visionnaire un mélange fatale comme du Lexotanil et du Black Label. Un mélange toxique qui ne vous veut que du mal. 

Sans repère je vogue, je glisse de plus en plus loin des rives où il m'a déposé il y plus de quarante ans. Si il avait su, il n'aurait probablement pas accosté.

Je sens qu'une forme nouvelle et différente d'énergie se réveille en moi. Elle doit m'aider à casser le moule. Surpasser l'état de stupeur qui me subjugue depuis tant d'années. Tuer mon père ne fut pas une chose facile, le dépasser le sera plus encore.

"Personne ne sortira d'içi vivant" ...c'est ce que je criais l'année passé. C'est vrai qu'a la fin il ne restera plus rien, alors sachons marcher dignement la tête haute, que la lame qui vous tranchera la tête ne vous trouve pas courbé sur votre sort mais planté droit comme un I prêt à en découdre une nouvelle fois avec la vie.

















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