20121112

Sortie de route...



Mon père me disait qu'il fallait soigner ses entrées comme ses sorties. Il parlait du théâtre. J'ai toujours soigné mes entrées jamais mes sorties, toutes en peau de banane ou eau de boudin. Les deux expressions me vont. Des tête-à-queue pour une tête-à-claque.

Il arrive toujours un moment ou les choses ne vont plus comme il faut. Difficile de mettre précisément le doigt dessus, de nommer ce moment, seulement le constat que quelque chose n'est plus. Un geste, une parole. Un long silence qui en dit trop.

Ce moment n'est jamais le même. Parfois la fin arrive au début. Parfois elle se fait attendre au point qu'on arrive presque à l'oublier. On s'habitue. On y croit. Le temps passe. Un jour comme les autres. Où plutôt non, un jour pas comme les autres vous remarquez que le temps passe différemment. Vous prenez conscience qu'il se passe quelque chose. Vous ne saisissez pas sur le moment et ça vous passe sous le nez. Vous n'êtes plus le même. Quelque chose à changé.

Il arrive que l'on se perde en route que l'on perde pied, le nord ou la raison. Qu'on se sache plus là ou commence ni ou se termine l'indifférence. 

Il arrive que l'on morde sur la ligne blanche ou sur la bande d'arrêt d'urgence et que nous oscillions dangereusement entre la vie et la mort avant de reprendre subrepticement le contrôle et nous ranger sur la bas-côté, le moteur arrêté, le cœur en chamade.

Une fois de plus nous sommes fier d'avoir su maîtriser la bête furieuse qui avait failli vous tuer mais que vos mains habiles sont parvenues à dompter au prix d'un effort surhumain.

On se rassure, on sourit puis on oublie.

Mais parfois le volant vous glisse des mains, vos gestes sont plus lents que d'habitudes, le manque de sommeil, l'abus d'alcool et de médicament ont émoussé vos réflexes. 

C'est le drame. La sortie de route.

Vous gisez a demi-conscient sur le bord de la route. Les autos passent mais ne s'arrêtent pas. Vous entendez le bruit des moteurs qui ralentissent puis qui repartent, vous imaginez le regard des automobilistes et vous vous dite que la fin est pour bientôt.

Vous tremblez mais vous n'avez pas froid. Vous ne sentez rien. Une douce sensation de plénitude vous envahi. Pour une fois vous êtes calme et détendu rien ne semble pouvoir sous atteindre. 

Vous vous détachez peu à peu de ce monde, seconde après seconde , minute après minute vous vous rapprochez de ce moment tant attendu.

La fin est proche vous le savez. Et pourtant vous souriez comme un enfant qui vient de naître.

Vous fermez les yeux. Le monde vous quitte et vous quittez ce monde.

Personne ne vous regrettera. Votre vie sur terre n'aura pas laissé plus de trace que celle que nous apercevons sur les routes. 

Il faut savoir soigner ses sorties... 

 

J'ai commencé ce blog en septembre 2007. En  relisant mes posts je vois l'évolution, moins de naïveté plus de noirceur et de vérité sans doute.

2012 s'achève lentement et ce blog aussi. 

Je veux terminer içi l'histoire de Monsieur Jean.

Nous verrons bien en 2013 quel ton, quelle forme où comment tourner mes phrases mais d'içi là je ferme la boutique.


2 commentaires:

hihi a dit…

Fiodor Pavlovitch ou le Lièvre ou Glass prend un personnage qui est très éloigné de toi, voir "lent retour" avec des défauts que tu crois ne pas avoir. Et la personne que l'on connaît le moins c'est soit même souvent on se donne un morale que l'on a pas.
M. Charles il te reste tant de gens à décevoir. Lit "la métamorphose".
Le vrai Héros moderne est "celui qui va travailler tous les matins".
Trouve le bon angle d'attaque. et continus....

Mr Jean a dit…

Tu as raison Mr Glass. Encore et toujours. Comme toujours....