20120826

Pascal Aubier

J'ai rencontré Pascal à New York par le biais de N.

Je n'ai jamais rencontré quelqu'un d'aussi bon vivant, farceur, compteur d'histoires aussi épatant que lui sauf les amis Russes de N.

Les Russes justement Pascal en connaissait pleins.

Je ne sais pas ce qu'il aimait tant chez eux. Leur goût de la fête ? Probablement. Leur soif sans fin ? Sûrement.
Je me souviens de cette longue promenade à Coney Island, les achats compulsifs de produits très chers dans Little Odessa mais surtout ce dont je me souviens, c'est de cette générosité, cette manière de trouver n'importe quel prétexte pour faire la fête, s'enivrer jusqu'à l'oubli. 

Des fêtes et femmes, voila ce dont il était question. Pascal était intarissable à ce sujet. Avec son pote Jack (Nicholson) sa ne devait pas chômer lorsqu'ils baroudaient ensemble. 

Je me souviens de ce long dîner ce fameuse été 1998. Il y avait cette fille russe dont je ne me souviens plus le nom. Une artiste? Une peintre. Sa façon étrange de rire et de me regarder. Quelque chose d’insondable. Cette manière d'être qu'on ne retrouve que chez les slaves : langueur et angoisse. 

Nous nous sommes revus l'artiste peintre et moi, bien après le départ - catastrophique - de N. Je n'ai jamais compris pourquoi elle m'a demandé de venir la voir. Elle m'a appelé un soir (comment avait-elle eu mon numéro?) et m'a demandé (ordonné?) de venir la voir chez elle.

Son appartement n'était qu'un vaste atelier. Elle m'a accueilli la cigarette au bec, cigarette qu'elle ne quittait pratiquement jamais.

Elle peignait, me parlait en même temps. Et moi, j'étais sensé faire quoi au juste ? Alors, je la regardais peindre et puis nous parlions.

Elle nous servait du vin (pour moi) et de la vodka (pour elle).

Nous restions des heures puis, elle en avait assez et me demandait si j'avais envie de sortir, d'aller manger. C'était moins une demande qu'une injonction qu'il me semblait difficile de refuser.

Elle se préparait, passait d'une pièce à l'autre, à moitié nue , recouverte de peinture , l'odeur de tabac qui se mêlait à l'odeur de térébenthine. Et puis, nous sortions...tard même le dimanche soir (son jour de prédilection)...moi qui suis un couche tôt...avec elle mes nuits ont en pris pour leur grade. 

Il y a quelque chose d'insondable chez les Russes, pour nous je veux dire, ou pour moi peut-être. Cette manière de passer du rire aux larmes, de s'extasier sur des détails insignifiants, de dépenser plus d'argent qu'on en a...car elle m'invitait tout le temps. Moi qui bossait à Wall Street et elle l'artiste peintre...et c'est encore elle qui insistait toujours pour payer.
Je ne sais pas pourquoi je parle de ça. Peut-être parce que j'entends parler Russe autour de moi en ce moment. L'hôtel dans lequel je suis en est plein. Les Russes font du bruit et aiment montrer qu'ils aiment faire la fête. 

Je n'ai jamais revu Pascal ni son amie Russe. En quittant New York en 2000, j'ai tout quitté. Je me demande ce qu'ils deviennent. Font-ils toujours autant la fête ? Boivent-ils toujours autant ? Il n'y aura pas de réponse au prochain épisode.


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