20120817

Hydroptère


Non, un hydroptère n’est pas un insecte ni une maladie honteuse mais une machine qui…vole sur l’eau. J’ai toujours été attiré par ces machines étranges quasiment les mêmes que celles rêvées par Jules Vernes.

Hydroptère, Hovercraft, Hydroglisseur, NGV, ces engins totalement improbables qui ne fonctionnent que grâce au génie des hommes.  L’hydroptère, c’est le mariage un peu forcé d’un avion avec un bateau. Un engin du diable de 32m et qui file à presque 70km grâce à des ailes (hydrofoil) cachées sous la coque.

Et j’ai eu beau traverser l’Europe entière, je n’ai jamais pu m’approcher d’une de ces machines. J’ai manqué de peu la dernière traversée des Hovercrafts qui reliait Calais à Douve. C’est par hasard que je n’ai vu pas un mais trois Hydroptères abandonnés au fond d’un quai de déchargement à Rhodes.


Mohamed El Saïed est Egyptien. Mécanicien de son état, il a grandi et vécu la majeure partie de sa vie à Alexandrie. Il travaille à Rhodes depuis un an.

Mohamed travaille et vit sur un des trois Hydroptères que j’ai vu hier matin. Son travail consiste à réparer ce monstre échoué ici depuis sept mois. A juger par l’état de l’appareil, il en a encore pour quelques mois..lui me dit quelques semaines mais j’ai du mal à le croire.

A part Bruno (le chien mais je vous en parlerai plus tard) et le capitaine qui passe de temps en temps faire des essais moteur, il n’y a personne. Ah si …il y au moins 200 Rom qui habitent de l’autre côté du port mais lui me conseil de ne pas m’y aventurer. Pourtant, je lui dit qu’hier en cherchant ma route, je m’étais arrêté aux abords du « village » et il ne m’était rien arrivé de grave. Si ce n’est une troupe de gamins qui crient et rigolent en vous voyant et un groupe de jolies filles qui vous font un signe de la main. 

Lui me dit qu’ils créent beaucoup de problèmes dans le voisinage et qu’ils volent tout. Par précaution, je range mon Quad un peu plus loin.

Mohamed m’offre un café. Un café fort et sucré comme en Turquie. Je n’aime pas le café sucré mais refuser eu été un manque de tact et une offense faite à mon hôte. Mohamed me fait visiter son palace flottant. La cabine arrière 2ème classe, bon teint cinquante places assises. 

En contournant le bateau, nous arrivons à la partie qui m’intéresse le plus : la soute. Entre les espaces pour les passagers se trouve les deux moteurs de 3000CV qui propulsent cet engin à 70km/h. Mohamed me dit qu’ils font un boucan du tonner et je veux bien le croire. Je ne voudrais pas être à la place de celui qui assure la maintenance de ces deux monstres quand ils sont éveillés…

Toute cette mécanique respire le solide et le durable. Normal, cet Hydroptère et tout ceux que l’on voit sur la méditerranée sont de fabrication Russe. D’ailleurs toutes les inscriptions sur ce bâtiment  sont en cyrillique ou en anglais.

De la soute nous passons au compartiment de l’ingénieur électricien : une suite de tableau et d’affichage autant que dans le cockpit d’un 747 première génération.

Le poste de pilotage est installé au dessus de la cabine des premières classes là où c’est le plus calme. L’ensemble sent la bidouille Russe, le matériel solide et pas cher et d’une autre époque.


Mon seul regret : ne pas voir ce mastodonte en action, entendre rugir les deux turbines, sentir la cabine vibrer. Pour cela il faudrait revenir dans deux mois.

Dehors Bruno aboi. Bruno c’est le chien de garde. Mohamed m’assure qu’il est gentil mais moi je n’en crois rien et puis je n’aime pas les chiens, surtout ceux que je ne connais pas.

Je quitte Mohamed et lui promets de revenir demain avec mes enfants. Je voudrais qu’ils voient eux aussi ce qui m’a émerveillé quand j’avais leur âge. Leur donner le « virus » , l’envie de voir des choses extraordinaires.

Je suis un peu déçu par leur réaction. C’est surtout l’arrivée qui les amusent car c’est vrai j’ai oublié de dire que pour arriver chez Mohamed, il faut s’accrocher à une corde, grimper sur un vieux remorqueur, le détacher du quai auquel il est arrimé et tirer fort sur une autre corde pour le déplacer jusqu’au bord du quai. Et maintenant vous pouvez passer sur une plateforme sur laquelle est placée une grue. Oui, certes cette grue est énorme mais est-ce une raison pour la préférer au bel Hydroptère ? 

Pas impressionné pour deux sous. Bref, les enfants d’aujourd’hui sont blasés et ne rêverons pas comme moi de monstres d’acier qui filent sur les mers. Tant pis pour eux, tant mieux pour moi.

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