20120509

La Maman et la Putain


Isabelle était une amie de Nathalie. Le cinéma était le lien entre elles. Je l'ai rencontrée dans un dîner je crois. Elle m'avait dit son nom. Il ne me disait rien. Et pourtant...


Quelques années auparavant, j'avais vu ce film "La Maman et la Putain" de Jean Eustach. Un film génial. Qui dit tout. Enfin qui dit beaucoup. Il y a Jean-Pierre Léaud, Bernadette Lafond...et Isabelle.


Je n'ai pas tout de suite fait le lien. La scène d'ouverture...l'étudiante c'était elle.


Elle était belle Isabelle. Pas très grande. De beaux cheveux, mince et un visage comme planté là...de beaux yeux et une voix un peu aigu. 


Je l'ai connu à l'époque de sa rupture d'avec Oliver Assayas. Olivier, je l'avais vu présenter des films, parler d'Irma Verp, la vampire, et je n'accrochais pas. Comble des coïncidences, c'est à New York que je devais le rencontrer en chair et en os. Grand et prétentieux.


Bref, Isabelle avait le coeur lourd. C'est peut-être pour cette raison qu'elle m'invitait à sortir le soir. 


Je me souviens d'un soir en particulier. Elle m'avait donné rendez-vous chez elle. 20h00. Comme d'habitude, j'arrive en retard. 20h30. Je sonne. Elle ouvre la porte. Un bel appartement. Démesuré ? Non, mais Parisien terriblement Parisien. Isabelle m'indique le salon, me demande de l'attendre car elle n'est pas prête. Elle se maquille, continue de s'apprêter sans égard pour moi. J'entend sa voix. Une injonction. Elle me demande de la rejoindre dans sa chambre. Elle est là penchée devant le miroir. La vision est troublante. Dans mon esprit les images d'Isabelle sur le grand écran d'une salle de cinéma sur-imprimées avec les images d'Isabelle qui se maquille sous mes yeux.  


Le parfum qui flotte dans la chambre me tourne la tête. Isabelle me demande de m'asseoir. Je ne vois que le lit. Je m'exécute. Je me réfugie dans le coin opposé du lit. Elle parle. M'interroge du coin de l'oeil. Elle fait allusion au lit. De la possibilité... et moi, je n'en reviens pas. Je me plie. Me recroqueville dans ma coquille. Qu'une femme fasse main basse sur moi passe encore mais pas elle. Je bifurque, bafouille une excuse et me lève...brisant le charme.


Le dîner fut bref. Je n'allais pas être la proie qu'elle aurait voulu. Moi: intimidé. Elle: lassée. 


La maman...la putain et le bambin. C'était il y a plus de dix ans. Aujourd'hui, les choses seraient différentes. 


Comme le disait mon ami Chabran...la vie est ailleurs ...











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